dimanche 22 septembre 2013

Motivés, motivés... pour ne pas être #PrivésDeMG

Ceci est un billet collectif, auquel je suis fière de prendre part, même si, cette année encore, mon rôle dans l'élaboration du texte s'est limité à des "Ok c'est super" ou "je vote pour".

Fière, néanmoins, parce que c'est une chouette bande de soignants, investis, pleins d'idées et d'énergie pour agir plutôt que subir, et que débattre avec eux, ou même les écouter/regarder débattre, est incroyablement enrichissant et stimulant.

Le texte intégral, avec tous les liens vers les billets publiés à cette occasion, par des médecins évidemment, mais aussi des sages-femmes, auxiliaires de vie, patients... est à lire ici. Vous y retrouverez aussi les (très) nombreux commentaires publiés sur Atoute l'an dernier.

Je vous recommande aussi ce tumblr http://privesdemg.tumblr.com
...parce que l'humour et le cynisme sont aussi des armes formidables pour passer un message sérieux.

Vous pouvez aussi nous suivre sur Twitter, et même sur Facebook !

L'avenir de la médecine générale, c'est maintenant qu'on le prépare. Tous ensemble, refusons d'être #PrivésDeMG !


Médecine générale :

dernier arrêt avant le désert !

Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur tout le territoire ?
Marisol Touraine présente ce lundi sa Stratégie nationale de santé. Cet évènement constitue l’occasion de nous rappeler à son bon souvenir, rappel motivé par l’extraordinaire enthousiasme qui avait accompagné nos propositions (voir plus bas les 600 commentaires) dont aucune n’a été reprise par la Ministre.
Nos idées sont concrètes et réalistes pour assurer l’avenir de la médecine générale, et au-delà, des soins primaires de demain.
Notre objectif est de concilier des soins de qualité, l’éthique de notre profession, et les impératifs budgétaires actuels.
Voici une synthèse de ces propositions.

Sortir du modèle centré sur l’Hôpital

Depuis des décennies, l’exercice de la médecine ambulatoire est marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en médecine. La médecine hospitalière et salariée est devenue une norme pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice ambulatoire qu’ils n’ont jamais (ou si peu) rencontré pendant leurs études.
Cette anomalie explique en grande partie les difficultés actuelles. Si l’hôpital reste le lieu privilégié d’excellence, de recherche et de formation pour les soins hospitaliers, il ne peut revendiquer le monopole de la formation universitaire. La médecine générale, comme la médecine ambulatoire, doivent disposer d’unités de recherche et de formation universitaires spécifiques, là où nos métiers sont pratiqués, c’est-à-dire en ville et non à l’hôpital.
La formation universitaire actuelle, pratiquée quasi-exclusivement à l’hôpital, fabrique logiquement des hospitaliers. Pour sortir de ce cercle vicieux, il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.
Cette réforme aura un double effet :
Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville »et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice. Nous ne pouvons reprocher aux étudiants en médecine de ne pas choisir une spécialité qu’ils ne connaissent pas.
-  Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.
Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.
Toute mesure visant à obliger les jeunes médecins généralistes à s’installer en zone déficitaire aura un effet repoussoir majeur. Elle ne fera qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.
Une véritable modernisation de la formation des médecins est nécessaire. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’opportunités manquées depuis 50 ans par méconnaissance de la réalité du terrain. Si la réforme Debré de 1958 a créé les CHU (Centres Hospitaliers et Universitaires), elle a négligé la création de pôles universitaires d’excellence, de recherche et de formation en médecine générale. Ces pôles existent dans d’autres pays, réputés pour la qualité et le coût modéré de leur système de soins.

Idées-forces

Les principales propositions des médecins généralistes blogueurs sont résumées ci-dessous. Elles sont applicables rapidement.
  • Enseignement de la Médecine Générale par des Médecins Généralistes, dès le début des études médicales
  • Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.
  •  Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital :
Ces maisons de santé se voient attribuer un statut universitaire. Elles hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique (3000 créations de postes). Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santéqui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.
  •  Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner :
Statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.
  • Création d’un nouveau métier de la santé : “Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt” (AGI).
Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt. Les nouveaux postes d’AGI pourraient être pourvus grâce au reclassement des visiteurs médicaux qui le souhaiteraient, après l’interdiction de cette activité. Ces personnels trouveraient là un emploi plus utile et plus prestigieux que leur actuelle activité commerciale. Il s’agirait d’une solution humainement responsable. Il ne s’agit en aucun cas de jeter l’opprobre sur les personnes exerçant cette profession.
  • Les « chèques-emploi médecin »
Une solution innovante complémentaire à la création du métier d’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.
Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien). Il libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse beaucoup de jeunes médecins.
Nos propositions et nos visions de l’avenir de la Médecine Générale, postées simultanément par l’ensemble des 86 participants, sur nos blogs et comptes Twitter, le 23 septembre 2013, sont des idées simples, réalistes et réalisables, et n’induisent pas de surcoût excessif pour les budgets sociaux.
L’ensemble des besoins de financement sur 15 ans ne dépasse pas ceux du Plan Cancer ou du Plan Alzheimer ; il nous semble que la démographie médicale est un objectif sanitaire d’une importance tout à fait comparable à celle de la lutte contre ces deux maladies.
Ce ne sont pas des augmentations d’honoraires que nous demandons, mais des réallocations de moyens et de ressources pour rendre son attractivité à l’exercice libéral.

Les participants à l’opération (Noms ou Pseudos Twitter) :

1.     Docteurmilie2.     Dzb173.     Armance64
4.     Matt_Calafiore5.     Docmam6.     Bruitdessabots
7.     Ddupagne8.     Souristine9.     Yem
10.   Farfadoc11.   SylvainASK12.   Docteur Sachs Jr
13.   Méd Gé de L’Ouest14.   Docteur Gécé15.   DrKalee
16.   DrTib17.   Gélule, MD18.   DocAste
19.   DocBulle20.   Docteur Selmer21.   Dr Stephane
22.   Alice Redsparrow23.   Docteur_V24.   Dr_Foulard
25.   Kalindéa26.   DocShadok27.   Dr_Tiben
28.   Bismuth Philippe29.   PerrucheG30.   BaptouB
31.   Juste un Peu Sorcier32.   Elliot Reid-like33.   MimiRyudo
34.   SacroStNectaire35.   DrGuignol36.   DrLebagage
37.   Loubet Dominique38.   CaraGK39.   DocArnica
40.   Jaddo41.   Acudoc4942.   AnSo1359
43.   DocEmma44.   DrPoilAGratter45.   GrangeBlanche
46.   Docteur Pénurie47.   Borée48.   10Lunes
49.   Echocardioblog50.   OpenBlueEyes51.   nfkb
52.   Totomathon53.   SophieSF54.   SuperGélule
55.   BicheMKDE56.   Knackie57.   DocCapuche
58.   John Snow59.   Babeth_Auxi60.   Jax
61.   Zigmund62.   DocAdrénaline63.   DrNeurone
64.   Cris et chuchotements65.   YannSud66.   Nounoups
67.   MademoiselleAA68.   Boutonnologue69.   Françoise Soros
70.   Une pédiatre71.   Heidi Nurse72.   NBLorine
73.   Stockholm74.   Qffwffq75.   LullaSF
76.   DocteurBobo77.   Martin Minos78.   DocGamelle
79.   Dr Glop80.   Ninou
81.   Martin Winckler
82.   UrgenTic83.   Tamimi221384.   Doc L
85.   DrLaeti86.   LBeu

samedi 21 septembre 2013

Médecine gé, what else?

Comme DrKalee, j'ai commencé médecine pour devenir pédiatre, soigner les petits n'enfants, toussa. Mais j'ai vite compris que je n'avais pas envie d'exercer la médecine à l'hôpital, où "manger ou se faire manger" semblait être la seule règle de survie. Et pédiatrie en ville, à l'époque on disait que c'était "bouché".

J'ai fait différents stages, toujours à l'hôpital, j'aimais bien un peu tout (enfin sauf la chir'). Et j'ai fait des remplacements d'aide-soignante en maison de retraite, j'aimais bien aussi les vieux, mais pas que. J'aimais le contact, le relationnel, c'était d'ailleurs un de mes points forts en stage.

Petit à petit l'idée de la médecine générale a fait son chemin, en dépit de l'absence totale d'enseignement s'y rapportant en 2ème cycle dans ma fac. J'ai aussi bénéficié des encouragements de notre médecin de famille, une femme qui exerçait son métier avec passion. Et puis à l'époque pour être spécialiste il fallait passer le Concours de l'Internat (avec les majuscules s'il vous plaît), et aucune spécialité ne m'attirait suffisamment pour accepter la perspective de bachoter pendant 2 ans. 

Donc me voilà, à la fin de 6 années d'études, enfin médecin grâce au sésame du CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique), à l'aube de mon "résidanat" - le terme d'internat était réservé, officiellement, aux spécialistes.

J'ai fait mes armes en gastroentérologie, en temps que "faisant fonction d'interne" ; j'ai appris à prescrire de la nutrition parentérale, gérer une hémorragie digestive. C'est là aussi que j'ai annoncé un cancer pour la 1ère fois, et j'ai failli pleurer quand mon externe m'a dit "t'as été super".

J'ai enchaîné avec de la gériatrie, un très bon stage où l'adage Primum non nocere prenait tout son sens, tant on nous sensibilisait aux risques de la iatrogénie. J'ai appris à "déprescrire" les somnifères, éviter les anti inflammatoires, gérer une constipation opiniâtre sans avoir recours aux lavements.

Puis je suis allée en "périph" - par opposition au CHU - en pneumo ; je ne suis pas sûre d'y avoir appris grand chose tant on était submergés de boulot, à 2 internes au lieu de 4. Je prenais mes gardes en réanimation médicale, je flippais ma race à chaque fois ; j'ai appris à équilibrer la pression dans mes oreilles en accompagnant des patients au caisson hyperbare.

C'est avec une certaine appréhension que j'ai mis les pieds hors de l'hôpital pour mon stage "chez le prat". Mais c'est là que, enfin, j'ai eu la révélation : non, je ne m'étais pas fourvoyée en choisissant médecine générale, c'était vraiment ce rôle de premier recours, de médecin de famille, dont j'avais envie de faire mon métier. 
J'ai aussi découvert le monde du "privé" dont nos maîtres hospitaliers parlaient souvent avec une pointe de mépris; et, ô surprise, ce n'était pas (qu') un purgatoire mercantile!  Imaginez mon étonnement d'apprendre qu'on pouvait obtenir en moins de 24h un écho doppler pour une suspicion de phlébite, alors qu'au CHU il fallait négocier âprement pour l'avoir en 3-4 jours... 
En parallèle je faisais des consultations de pédiatrie dans un centre de l'ASE, heureusement que des infirmières expérimentées me coachaient, parce que ma référente brillait par son absence.

Un stage de "médecine polyvalente" tout à fait oubliable, si ce n'est qu'il m'a permis de faire quelques gardes aux urgences, un stage de gynéco-obstétrique dont j'ai déjà parlé ici... Et voilà, ma formation était sensée être finie. 
De façon logique, j'ai débuté les remplacements ; et c'est que j'ai vraiment commencé à apprendre les subtilités de mon métier. 
Prendre en charge un diabétique pas très motivé, une varicelle, un rhume, une dépression, suivre le calendrier vaccinal... Sur le tas, à la dure parfois, avec l'aide des médecins de Twitter depuis quelques années, j'ai continué à apprendre... 
Et puis tout ce que sous-tend l'exercice libéral : la CARMF, l'URSSAF, l'AGA, etc - c'était vraiment la terra incognita, et ce n'est pas une mince affaire.

Je crois que je n'aurais jamais fini d'apprendre la médecine générale. Et tant mieux.
Mais quand même, ce serait bien que l'enseignement de la médecine générale soit un peu plus qu'anecdotique à la fac. Parce qu'au rythme où on va, entre pyramide des âges calamiteuse et surcharge paperasso-administrative, ce n'est pas très étonnant que les étudiants ne se tournent pas vers la médecine générale avec plus d'entrain. 
Qui a envie de se retrouver tout seul dans le grand bain sans savoir nager?


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D'autres billets sur le même thème chez les copains médecins blogueurs, mais aussi kiné, infirmière, auxiliaire de vie... Parce que les soins primaires ne concernent pas que les généralistes, et qu'on aurait tous à perdre si on était #PrivésDeMG

Comme je suis une grosse flemmarde (et que je blogue depuis une tablette en essayant d'endormir ma Souricette à coup de nichon), je vous renvoie à l'excellent billet d'Euphorite, qui tient à jour la liste exhaustive des participants.

lundi 16 septembre 2013

Moussaka façon Souristine

Une recette bidouillée à partir de celle-ci, trouvée sur Marmiton. 


Je l'avais publiée il y a bientôt 2 ans (ça ne nous rajeunit pas!) ; elle était bonne mais pas tout à fait "équilibrée" en terme de saveurs et parfums.  Je  viens seulement de la refaire, en modifiant un peu les dosages d'épices, et en zappant les pommes de terre pour gagner du temps - ça apporte un petit plus, mais on peut totalement s'en passer.
Et le verdict est... Délicieuse !

Ingrédients (pour 4 à 6 personnes) 

- 2 grosses aubergines

- 6 pommes de terre
- 500 g de viande hachée (par exemple un mélange boeuf-agneau, environ 2/3-1/3)
- une cuillère à café de cumin en graines
- 1 bocal 1/2  de pulpe de tomates (600g)
- 2 oignons, 2 gousses d'ail
- menthe, coriandre, persil et basilic ciselés (environ 2 cuill à café de chaque)
- une demie cuillère à café de cannelle
- une cuillère à café de miel
- sel, poivre
- huile d'olive
- 30 g de beurre

Pour la béchamel :
- 30 g de beurre
- 3 cuillères à soupe rases de farine
- 35 cl de lait
- noix de muscade


Allumer le grill du four.

Préparer la sauce tomate : émincer l'oignon, hacher l'ail grossièrement, et faire revenir le tout dans 2 cuill à soupe d'huile d'olive, jusqu'à ce que l'oignon blondisse.
Ajouter la pulpe de tomates, la menthe, la coriandre, le persil et le basilic, la cannelle, le miel, saler, poivrer, et laisser mijoter jusqu'à obtention d'une sauce homogène.


Découper les aubergines en rondelles (sans les peler), saler généreusement, et les laisser dégorger dans une passoire. 





 
Eplucher et découper les pommes de terres en fines rondelles, les disposer d'un plat à gratin assez haut, huilé.
Passer le plat de pommes de terre sous le grill 5 à 15 min selon votre four, jusqu'à ce qu'elles soient dorées.




Poêler rapidement les rondelles d'aubergines à feu vif, puis réserver sur un papier absorbant.

Dans un faitout, faire revenir la viande hachée avec le beurre à feu vif ; saler, poivrer et retirer l'eau rendue par la viande. Ajouter la sauce tomate et laisser mijoter sur feu doux.
A ce moment, sortir le plat de pommes de terres et préchauffer le four à 200°.





 
Préparer la béchamel : dans une petite casserole sur feu doux, faire fondre 30 g de beurre, ajouter la farine en pluie et mélanger pour obtenir un roux blond. Incorporer très progressivement  le lait sans cesser de remuer, ça peut prendre une bonne dizaine de minutes, jusqu'à obtenir une sauce onctueuse. Saler, poivrer, ajouter une pincée de muscade.


Monter la moussaka : étaler sur les pommes de terre la moitié du mélange viande hachée-sauce tomate, puis la moitié des aubergines, puis l'autre moitié de viande, puis l'autre moitié des aubergines, un filet d'huile d'olive, puis la béchamel. 




Enfourner pendant 45 à 60min, jusqu'à ce que la béchamel soit bien dorée.


A déguster bien chaud, avec une salade verte.


Je dédie ce billet à Françoise, qui nous a quittés bien trop tôt, et qui aura contribué à me donner le goût des bonnes choses et l'envie de cuisiner.

jeudi 12 septembre 2013

Presque comme dans les livres

19h10, j'accueille la dernière patiente, la 17ème depuis 14 heures. Je suis un peu crevée, embrumée par un gros rhume, j'ai envie de rentrer chez moi retrouver mes enfants et mon mari.

Cette dame, quand elle a appelé vers 17 heures, j'ai failli lui donner un rendez-vous le lendemain, par envie de ne pas finir trop tard. Mais pour elle c'était compliqué, alors je lui ai donné le dernier créneau, en croisant les doigts pour ne pas devoir rajouter une urgence, un bébé fiévreux ou autre.

Elle a une petite soixantaine d'années, et les porte bien. Elle semble en pleine forme.

"Je viens vous voir parce que j'ai fait deux malaises un peu bizarres, dont un aujourd'hui."
(Ah crotte des malaises, pourvu que ce soit un truc vagal, au moins c'est facile à identifier.)
"Alors ça commence là, au creux de l'estomac, et ça monte derrière le sternum, et ça serre, ça serre, comme si j'étais dans un bloc de béton, et ça serre jusqu'à la mâchoire, et ensuite ça descend dans les bras, enfin surtout à gauche."
(Vous les voyez, tous les clignotants qui s'allument dans ma tête et les alarmes qui hurlent?) 
"J'ai essayé de respirer à fond, de me détendre, mais ça n'a rien changé. Enfin, ça passe au bout de 10 minutes, mais c'est très désagréable..."

Croyez-le ou non, elle n'avait pas du tout conscience d'être en train de me décrire une crise d'angine de poitrine digne d'un manuel de sémiologie. Et elle était très contrariée de ne pas pouvoir aller travailler demain, pour cause de rendez-vous cardio en urgence.

Bref, je suis contente de l'avoir vue ce soir. Même si du coup je n'ai croisé mes filles que 5 minutes avant qu'elles aillent se coucher. 


mercredi 11 septembre 2013

Carrot-cake soooooo delicious

Ça fait un moment que je traîne l'envie de faire un carrot-cake; j'ai tergiversé, rêvassé devant diverses recettes sur différents sites, et finalement me suis lancée lundi. Ça m'a permis de faire coup double: un peu de cuisino-thérapie pour contrer la morosité de ce mois de septembre, et amener une douceur pour la pause café avec mes cobayes collègues du mardi matin.

Pour la recette, j'ai finalement choisi la sécurité : elle provient, à quelques détails près, du superbe livre de la talentueuse Guillemette Auboyer, Desserts des jours heureux.
Comme son copain le cheesecake, le carrot-cake se prépare la veille, voire 48h avant dégustation pour développer pleinement ses arômes.



Ingrédients 

4 œufs
160g de sucre roux
120g de farine
1/2 sachet de levure chimique
125g de poudre d'amandes
1/2 cuill à café de gingembre en poudre
1/2 cuill à café de cannelle
Une pincée de vanille en poudre
50g de beurre demi-sel fondu
300g de carottes râpées (entre 4 et 6 selon la taille)
60g de noix de pécan concassées
Dans certaines recettes il y a aussi des raisins blonds, mais je n'en avais pas.

Pour le glaçage :
100g de Saint-Môret
50g de mascarpone (je n'avais que du petit suisse, ça marche aussi)
50g de beurre doux très mou
100g de sucre glace
Le jus d'1/2 citron

Préchauffer le four à 180°C.
Fouetter les œufs et le sucre jusqu'à ce que le mélange blanchisse. Incorporer la farine, la levure, la poudre d'amandes et les épices en mélangeant bien.
Ajouter ensuite le beurre fondu, puis les carottes et les noix de pécan (+/- les raisins).

Verser la pâte dans un moule à cake ou un moule à manqué de 15 à 20cm de diamètre (le gâteau ne doit pas trop s'étaler). Ne pas oublier de beurrer/fariner ou chemiser de papier cuisson.
Enfourner et faire cuire environ 40 minutes.

A la sortie du four, démouler et laisser complètement refroidir le gâteau.

Préparer le glaçage : battre ensemble tous les ingrédients (fastoche!)

Couper le gâteau à mi-hauteur, tartiner généreusement la moitié inférieure de glaçage, recouvrir de l'autre moitié et faire prendre 30min à 1h au réfrigérateur. Puis étaler le reste du glaçage sur le dessus et les côtés du gâteau.
Remettre au froid pour (au moins) une nuit.

Et se régaler !


vendredi 6 septembre 2013

Porc au caramel et stir-fry de légumes

Ceci est un billet de blog à visée cathartique.
Après une matinée bieeeeen calamiteuse (Souricette réveillée aux aurores, Clownette pot-de-colle, réseau téléphonique en rade alors que je devais prendre la ligne du cabinet sur mon portable, école maternelle qui joue les Big Brother en réclamant mon numéro de mutuelle, crotte de chien juste sous ma semelle en arrivant à la crèche, annonce de cancer ORL à un patient de l'âge de mes parents ...et en plus il pleut!), me poser devant l'ordi pour écrire une recette de cuisine me détend étonnamment et me permet d'évacuer un peu de pression. Et tant pis pour le désordre et la poussière ambiants.

Voici donc un repas d'inspiration vietnamienne (quoique, le stir-fry, je sais pas trop...) ; la recette du porc au caramel provient de ce livre, à un ou deux détails près, et était franchement à la hauteur de ce qu'on peut trouver chez un traiteur "asiatique" (ouais je mets des guillemets parce que ce côté fourre-tout m'agace, comme si on mangeait la même chose en Afghanistan, au Vietnam ou en Indonésie...) - le glutamate en moins!

Bon appétit les petits!



Porc au caramel 

Ingrédients (pour 2 personnes)

250g de viande de porc coupée en tout petits morceaux
1 gousse d'ail hachée
2 échalotes hachées
1 pincée de sucre en poudre
5 morceaux de sucre
2 cuill à soupe d'huile
1 oignon émincé
3 cuill à soupe de nuoc-mâm

Mélanger soigneusement dans un saladier la viande, l'ail, l'échalote et la pincée de sucre, laisser reposer le temps de préparer la suite.
Préparer le caramel : dans une casserole à fond épais, déposer les morceaux de sucre, verser un verre d'eau et porter à ébullition. Tourner régulièrement jusqu'à coloration (pour les néophytes du caramel : c'est super long, c'est normal...), puis retirer du feu et allonger le caramel de 5 cuill à soupe d'eau.
Faire chauffer l'huile dans une sauteuse ou un wok, y faire dorer l'oignon. Ajouter la viande, puis le caramel et le nuoc-mâm. Faire mijoter à feu moyen pendant 10 minutes, en mélangeant bien. Verser alors un verre d'eau, porter à ébullition, puis réduire le feu et laisser mijoter à feu doux pendant environ 20 minutes.
Servir avec du riz blanc parsemer de coriandre ciselée.

Stir-fry de légumes

(recette totalement au pif à partir d'idées piochées sur différents sites. Si j'ai bien compris le principal c'est la sauce, qui réunit les saveurs sucrée, salée, acide et piquante)

Couper des légumes en tout petits morceaux. De mémoire ce soir-là j'ai du mettre un oignon, deux carottes, 1/3 de poivron rouge, 1/3 de poivron jaune, quelques fleurettes de brocoli...
Faire sauter les légumes avec un peu d'huile dans un wok, ils doivent rester croquants.
Au dernier moment, verser la sauce (1 cuill à café de miel, 2 cuill à soupe de jus de citron, 2 cuill à soupe de sauce soja, une pincée de gingembre en poudre et qqs gouttes d'huile de sésame). Bien mélanger, et servir aussitôt.







dimanche 1 septembre 2013

Somewhere, over the rainbow

Mme A. ressemble à un arc-en-ciel, avec une dominante de rose.
Tunique fleurie dans les tons framboise et mauve, rebrodée de fils argentés, collier à breloques, ongles soigneusement vernis de fushia pailleté - enfin, aux mains, car les ongles de ses orteils affichent pas moins de cinq couleurs différentes, assorties aux lanières de ses sandales compensées.

Et ce mélange improbable, chez elle, donne avant tout une impression de vie, de joie. Son petit accent italien et son humour y sont probablement pour beaucoup.

Elle vient pour renouveler ses médicaments, mais pas tous, parce que "celui pour le cholestérol, je ne le prends pas tous les jours" ; on décide ensemble d'arrêter le médicament contre l'arthrose, déremboursé et de toute façon pas très efficace.

Une consultation classique, en somme, mais comme l'impression d'un rayon de soleil dans ma journée.

Sur le pas de la porte, elle me dit "au revoir, docteur, j'ai été ravie de vous rencontrer. Je reviendrai vous voir en janvier, il me faut des médicaments contre le palu, on part au Burkina-Faso, comme tous les ans."

Mme A. va avoir 80 ans. Et c'est une délicieuse dame, qu'on n'aurait même pas l'idée de qualifier de "vieille".