samedi 21 septembre 2013

Médecine gé, what else?

Comme DrKalee, j'ai commencé médecine pour devenir pédiatre, soigner les petits n'enfants, toussa. Mais j'ai vite compris que je n'avais pas envie d'exercer la médecine à l'hôpital, où "manger ou se faire manger" semblait être la seule règle de survie. Et pédiatrie en ville, à l'époque on disait que c'était "bouché".

J'ai fait différents stages, toujours à l'hôpital, j'aimais bien un peu tout (enfin sauf la chir'). Et j'ai fait des remplacements d'aide-soignante en maison de retraite, j'aimais bien aussi les vieux, mais pas que. J'aimais le contact, le relationnel, c'était d'ailleurs un de mes points forts en stage.

Petit à petit l'idée de la médecine générale a fait son chemin, en dépit de l'absence totale d'enseignement s'y rapportant en 2ème cycle dans ma fac. J'ai aussi bénéficié des encouragements de notre médecin de famille, une femme qui exerçait son métier avec passion. Et puis à l'époque pour être spécialiste il fallait passer le Concours de l'Internat (avec les majuscules s'il vous plaît), et aucune spécialité ne m'attirait suffisamment pour accepter la perspective de bachoter pendant 2 ans. 

Donc me voilà, à la fin de 6 années d'études, enfin médecin grâce au sésame du CSCT (Certificat de Synthèse Clinique et Thérapeutique), à l'aube de mon "résidanat" - le terme d'internat était réservé, officiellement, aux spécialistes.

J'ai fait mes armes en gastroentérologie, en temps que "faisant fonction d'interne" ; j'ai appris à prescrire de la nutrition parentérale, gérer une hémorragie digestive. C'est là aussi que j'ai annoncé un cancer pour la 1ère fois, et j'ai failli pleurer quand mon externe m'a dit "t'as été super".

J'ai enchaîné avec de la gériatrie, un très bon stage où l'adage Primum non nocere prenait tout son sens, tant on nous sensibilisait aux risques de la iatrogénie. J'ai appris à "déprescrire" les somnifères, éviter les anti inflammatoires, gérer une constipation opiniâtre sans avoir recours aux lavements.

Puis je suis allée en "périph" - par opposition au CHU - en pneumo ; je ne suis pas sûre d'y avoir appris grand chose tant on était submergés de boulot, à 2 internes au lieu de 4. Je prenais mes gardes en réanimation médicale, je flippais ma race à chaque fois ; j'ai appris à équilibrer la pression dans mes oreilles en accompagnant des patients au caisson hyperbare.

C'est avec une certaine appréhension que j'ai mis les pieds hors de l'hôpital pour mon stage "chez le prat". Mais c'est là que, enfin, j'ai eu la révélation : non, je ne m'étais pas fourvoyée en choisissant médecine générale, c'était vraiment ce rôle de premier recours, de médecin de famille, dont j'avais envie de faire mon métier. 
J'ai aussi découvert le monde du "privé" dont nos maîtres hospitaliers parlaient souvent avec une pointe de mépris; et, ô surprise, ce n'était pas (qu') un purgatoire mercantile!  Imaginez mon étonnement d'apprendre qu'on pouvait obtenir en moins de 24h un écho doppler pour une suspicion de phlébite, alors qu'au CHU il fallait négocier âprement pour l'avoir en 3-4 jours... 
En parallèle je faisais des consultations de pédiatrie dans un centre de l'ASE, heureusement que des infirmières expérimentées me coachaient, parce que ma référente brillait par son absence.

Un stage de "médecine polyvalente" tout à fait oubliable, si ce n'est qu'il m'a permis de faire quelques gardes aux urgences, un stage de gynéco-obstétrique dont j'ai déjà parlé ici... Et voilà, ma formation était sensée être finie. 
De façon logique, j'ai débuté les remplacements ; et c'est que j'ai vraiment commencé à apprendre les subtilités de mon métier. 
Prendre en charge un diabétique pas très motivé, une varicelle, un rhume, une dépression, suivre le calendrier vaccinal... Sur le tas, à la dure parfois, avec l'aide des médecins de Twitter depuis quelques années, j'ai continué à apprendre... 
Et puis tout ce que sous-tend l'exercice libéral : la CARMF, l'URSSAF, l'AGA, etc - c'était vraiment la terra incognita, et ce n'est pas une mince affaire.

Je crois que je n'aurais jamais fini d'apprendre la médecine générale. Et tant mieux.
Mais quand même, ce serait bien que l'enseignement de la médecine générale soit un peu plus qu'anecdotique à la fac. Parce qu'au rythme où on va, entre pyramide des âges calamiteuse et surcharge paperasso-administrative, ce n'est pas très étonnant que les étudiants ne se tournent pas vers la médecine générale avec plus d'entrain. 
Qui a envie de se retrouver tout seul dans le grand bain sans savoir nager?


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D'autres billets sur le même thème chez les copains médecins blogueurs, mais aussi kiné, infirmière, auxiliaire de vie... Parce que les soins primaires ne concernent pas que les généralistes, et qu'on aurait tous à perdre si on était #PrivésDeMG

Comme je suis une grosse flemmarde (et que je blogue depuis une tablette en essayant d'endormir ma Souricette à coup de nichon), je vous renvoie à l'excellent billet d'Euphorite, qui tient à jour la liste exhaustive des participants.

1 commentaire:

  1. Merci, cet article est vraiment sympa et écrit avec humour (il faut bien ça...) Pas de doute qu'être médecin est un des plus nobles métiers du monde ... Bravo !

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