mercredi 19 décembre 2012

Craquelés chocolat-café épicés

Traduction (copyright @lenatrad pour le titre... et merci! ) et conversion des Mexican Mocha Crinkle Cookies, recette cette fois encore empruntée sur A Spicy Perspectve...

Deuxième série de biscuits de Noël à offrir, donc. Faciles à réaliser avec les enfants, en outre.

Présentation festive pour les maîtresses et ATSEM

Ingrédients (pour 2 douzaines de biscuits de belle taille) 

100g de cacao amer en poudre
280g de sucre de canne
125ml d'huile neutre
2 cuill à soupe de café soluble (en granulés)

1 cuill à café de cannelle moulue
1 pincée de piment de Cayenne
2 cuill à café de bicarbonate de sodium
1 cuill à café de sel fin
1 cuill à soupe de vanille en poudre
4 oeufs
250g de farine
sucre glace 

Mélanger soigneusement tous les ingrédients en poudre avec l'huile.
Ajouter les oeufs un par un, puis la farine, très progressivement. Réfrigérer la pâte obtenue pendant 1 à 2 heures.
Préchauffer le four à 180°C. Recouvrir une plaque à pâtisserie de papier cuisson.
Verser du sucre glace dans un bol.
Former à la main des boules de pâte de la taille d'une balle de ping-pong. Les rouler dans le sucre glace pour les enrober complètement.
Déposer les boules de pâte sur la plaque en les espaçant d'au moins 5cm.
Enfourner pendant 10 à 12 min (plutôt 10 à mon avis, les miens étaient un poil trop secs).
Laisser refroidir complètement avant de les décoller.



Vous le voyez, l'effet "craquelé"? Crinkle en VO...


samedi 15 décembre 2012

Sablés de Noël glacés aux fruits secs

Les affaires reprennent! En réalité ça fait un petit moment que, ma souricette grandissant un peu, je retrouve le temps de cuisiner, mais jusqu'ici je m'étais cantonnée à des "rediffusions". 
Voici donc un inédit tiré du blog A spicy perspective, traduit, converti et très légèrement adapté.

Ingrédients (pour une trentaine de sablés)

Pour les sablés
150g de beurre demi-sel tempéré
150g de sucre
1 cuill à café de vanille en poudre
1/2 cuill à café de cannelle moulue
1/4 cuill à café de quatre-épices
1/4 cuill à café de gingembre en poudre
le zeste d'une orange (bio ou non traitée après récolte...)
1 oeuf + 1 jaune
300g de farine

Pour le glaçage
100g de sucre glace
1 cuill à soupe de jus de citron
1 cuill à café de rhum ambré
3 cuill à soupe de crème épaisse

Pour le décor
80g d'abricots secs coupés en petits dés
40g de raisins secs
40g de cranberries séchées
30g de noix de pécan concassées
30g de graines de courge

Fouetter le beurre et le sucre jusqu'à ce que le mélange devienne mousseux. Ajouter les épices, le zeste, l'oeuf et le jaune tout en continuant à fouetter.
Incorporer ensuite la farine petit à petit en mélangeant à la cuillère en bois sans trop travailler la pâte.
Envelopper la pâte dans du film alimentaire et la laisser reposer une heure au réfrigérateur.

Préchauffer le four à 190°C.
Sur un plan de travail fariné, étaler la pâte pour obtenir une épaisseur d'un demi centimètre environ. Découper les sablés à l'emporte-pièce, récupérer le reste de pâte et renouveler l'opération jusqu'à épuisement de la pâte.
Déposer les sablés sur une plaque recouverte de papier cuisson. Enfourner pendant 6 à 8 min. 
Faire reposer les biscuits 2-3 minutes à la sortie du four avant de les déposer sur une grille. Laisser refroidir complètement avant de les glacer.


Mélanger au fouet tous les ingrédients du glaçage. En napper les sablés avec une mini-spatule ou le dos d'une petite cuillère.
Déposer sur chaque sablé un assortiment de fruits, noix et graines de courge, en appuyant légèrement, et laisser sécher à température ambiante.

Plateau improvisé pour les "madames de crèche" (copyright Clownette)

 (NB: mon glaçage était peut-être un peu trop liquide, ou bien j'en ai mis un peu trop sur mes sablés : il n'a jamais séché complètement, ce qui a rendu la présentation "pour offrir" un peu délicate. Cela dit, c'était quand même délicieux!)



 



mercredi 24 octobre 2012

Filet mignon en croûte de sésame et romarin au miel, toast au chèvre chaud

C'est parti d'une contrainte: utiliser le filet mignon qui allait atteindre sa DLC. Et d'une envie: l'associer à du miel et du citron. Une petite recherche Google plus tard, j'ai trouvé cette recette, que j'ai librement adaptée.
Un résultat très sympa pour un minimum d'efforts, ça valait bien un billet de blog!

Ingrédients (pour 2 personnes)

1 morceau de filet mignon de porc de 250 à 300g 
le jus d'un citron
2 cuill à soupe de miel liquide (châtaignier ici)
2 cuill à soupe de graines de sésame
1 cuill à soupe de romarin séché
sel, poivre
2 tranches de pain
2 belles rondelles de bûche de chèvre

Préchauffer le four à 210°C.
Dans un plat creux, mélanger le jus de citron, le miel, le sésame et le romarin ; saler et poivrer. Déposer la viande dans le plat, la tourner et retourner pour bien l'enrober. Laisser mariner le temps que le four soit bien chaud.
Mettre le filet mignon dans un plat à four, bien la recouvrir avec la marinade (pour former la "croûte), en réserver un peu. 
Enfourner ; retourner la viande au bout de 15min, badigeonner de nouveau avec la marinade. Au bout de 10 min supplémentaires, baisser le four à 180°C, recouvrir d'une feuille d'alu et laisser cuire encore une vingtaine de minutes.
[NB à ce stade j'ai changé de plat, car, n'ayant pas bien surveillé pour cause d'obligations maternelles diverses et variées, la marinade avait cramé sur les pourtours du plat et je ne voulais pas que la viande prenne le goût de brûlé...]
Quelques minutes avant de servir, déposer une tranche de chèvre sur du pain, badigeonner d'un peu de marinade s'il en reste, et enfourner.



Servir bien chaud avec, par exemple, une salade verte. 

Se régaler... et pleurer au moment de gratter le plat caramélisé/cramé! 


PS: tu as vu Fluorette, je suis sûre que ton Monsieur Poilu pourrait le faire! ;-)






mercredi 17 octobre 2012

Cookies au potimarron, amandes et chocolat

Une de mes recettes préférées en automne: le potimarron donne une douceur et un moelleux fabuleux aux cookies... ainsi qu'une couleur des plus appétissantes! Je l'ai adaptée (comme souvent) de celle de Guillemette.

Ingrédients (pour 20 cookies de taille moyenne)

220g de farine
1 sachet de levure chimique
150g de pépites de chocolat
80g d'amandes entières
120g de beurre demi-sel ramolli
150g de sucre de canne
1 sachet de sucre vanillé
1 oeuf 
150g de purée de potimarron finement mixée



Préchauffer le four à 180°C.
Fouetter le beurre et le sucre jusqu'à obtenir un mélange crémeux ; ajouter l'oeuf puis la purée de potimarron tout en continuant à fouetter.
Verser ensuite d'un coup la farine, la levure, le chocolat et les amandes ; mélanger à la cuillère en bois.
Déposer de petits tas de pâte (bien espacés) sur une plaque recouverte de papier cuisson.
Enfourner pendant 10 minutes.
A la sortie du four, laisser refroidir les cookies quelques minutes avant de les décoller.



samedi 29 septembre 2012

Allaiter (ou pas)

Ça fait longtemps que l'envie d'écrire sur l'allaitement me travaille - comme sur le sommeil des bébés. J'ai renoncé plusieurs fois, par flemme, parce que je n'avais pas trouvé de titre percutant (toujours pas, d'ailleurs) ou parce que ce que j'avais envie de dire avait été écrit ailleurs de manière beaucoup plus talentueuse, ici ou
Aujourd'hui, j'assume. Ceci n'est pas un billet pédagogique sur l'allaitement, c'est un billet d'humeur. Je suis consciente du potentiel inflammable du sujet, mais tant pis, trop d'histoires autour de moi m'ont énervée récemment.

Je suis pro-allaitement. D'ailleurs, être "anti-allaitement" est pour moi aussi dépourvu de sens que de vouloir mener sa grossesse dans un utérus en plastique. Je suis un mammifère, je porte mon bébé neuf mois, je l'allaite. Aussi simple que ça. Enfin en ce qui me concerne.
Je suis pro-allaitement, donc. Même qu'il m'arrive de faire de la provoc' Darwino-physiologique sur le thème des "dents de lait" ou de la durée de l'allaitement chez nos cousins les grands singes. 

En revanche, je suis parfaitement capable de concevoir que ce qui est pour moi une évidence
ne coule pas toujours de source  pour d'autres mamans ou futures mamans. Et pour cause: quoi que disent certains (dont Élisabeth Badinter) sur la pression subie par les femmes pour allaiter, on est quand même dans une culture du biberon, passée la période néo natale - il suffit de voir les taux d'allaitement maternel à 1 mois!
Les copines n'allaitent pas, ou pas longtemps, les mères n'ont pas allaité, ou pas longtemps, les unes comme les autres ont parfois été mal conseillées, et de nombreuses idées reçues ont la vie dure... À partir de là, pas facile pour une future maman de se projeter dans une histoire d'allaitement, si ça n'est pas une évidence pour elle.
Puisque l'accompagnement familial fait défaut, à nous, médecins, sages-femmes, personnels de santé qui intervenons pendant la grossesse, d'informer au mieux la future maman pour qu'elle puisse faire son choix en connaissance de cause.
Parce que, oui, même si je suis pro-allaitement, je crois profondément au respect des choix de chacune. Encore faut-il que ce choix soit basé sur des informations solides, et pas des idées reçues, que celles-ci soient véhiculées par l'entourage ou les médecins.


Certes, la formation des médecins sur l'allaitement maternel est quasiment inexistante, et la plupart d'entre eux sont des grosses brêles sur le sujet. Moi-même, si je ne m'étais pas auto-formée à l'occasion de difficultés d'allaitement avec mon aînée, je ne serais probablement pas très forte. Mais même sans être super au point sur le sujet, si tous les généralistes et pédiatres faisaient l'effort de lire le guide publié par l'Inpes, ils diraient moins de conneries. 


Ça me scie, en 2012, de savoir qu'il y a encore des pédiatres qui disent aux mamans que si le bébé ne grossit pas assez c'est parce que leur lait "n'est pas bon"; d'autant plus quand elles relaient l'info (intox!) à leurs copines sans enfants... En l'occurrence je soupçonne cette maman-ci d'avoir été poussée à allaiter, et d'avoir été soulagée de "devoir" arrêter pour cause de lait "pas bon". Un beau gâchis.
Gâchis encore, cette maman qui allaitait avec bonheur sa deuxième puce, mais dont la pédiatre a décrété, à 6 mois, que "ça suffisait" et qu'en outre il fallait la diversifier pour qu'elle "fasse ses nuits". Grrrr, quoi.
Gâchis toujours, cette maman qui allaite "parce que c'est mieux", mais qui n'aime pas ces moments-là et en vient à chronométrer et limiter la fréquence des tétées.


Je crois sincèrement que la meilleure raison d'allaiter, au delà des bénéfices réels ou supposés, est d'en avoir envie.
De même, la meilleure raison (voire la seule qui tienne la route...) pour NE PAS allaiter est de NE PAS en avoir envie.


Être bien informée, savoir à qui s'adresser en cas de problème, et ne pas laisser quiconque, médecin ou belle-mère, saper notre confiance et faire foirer notre allaitement.
Être bien informée, suivre son envie, et biberonner avec joie et sans culpabilité.
Être bien informée, suivre son envie, et allaiter plus de 6 mois, voire plus d'1 an.




Et pourquoi pas?


Edit du 30 septembre :

On (un homme) me fait remarquer sur Twitter que, je cite "Allaiter 6 mois ou un an c'est bien... Pour une femme au foyer. A moins d'aimer la vie de vache laitière et faire des stocks."
Pouf, pouf (comme disait le regretté Pierre Desproges).

Pipelette a été allaitée 21 mois, dont 2 en exclusif. J'ai repris le travail quand elle avait 3 mois. Etant déjà en mixte, les tirages du midi servaient surtout à maintenir la lactation, et j'ai arrêté quand elle avait 8 mois.
Clownette a été allaitée 30 mois, dont 5 en exclusif.  J'ai repris le travail (à 80%) quand elle avait 4 mois; quand je n'ai plus réussi à suivre au niveau des tirages j'ai introduit du lait en poudre sans grands états d'âme (à l'impossible nul n'est tenu, toussa) ; ça nous a valu 3 semaines de grève du biberon, mais c'est une autre histoire... J'ai maintenu malgré tout 1 à 2 tirages par jour jusqu'à ses 9 mois.
Souricette aura 4 mois dans quelques jours, et on débute l'adaptation à la crèche mardi, pour une reprise du travail 2 semaines plus tard (à temps partiel au début). J'ai prévu de tirer mon lait, et si la demande dépasse l'offre, je passerai en mixte ; so what?

Vous voyez, monsieur, qu'on peut très bien allaiter longtemps et reprendre le travail (même en travaillant beaucoup plus que moi, certaines de mes consoeurs peuvent en témoigner).
Les séances de tire-lait ne sont certes pas une partie de plaisir ; pour autant je ne me suis JAMAIS perçue comme une vache... Juste une maman qui fait de son mieux pour poursuivre l'allaitement.
Et croyez-moi, le premier "tétée" balbutié par un bambin souriant compense toutes les laborieuses séances de pompage...

mardi 25 septembre 2012

Crevettes à l'ananas et au curry

J'avais envie de tester une recette de velouté de petits pois au Morbier et Saint-Jacques... mais il paraît que c'est pas encore la saison des coquilles.
J'ai voulu me rabattre sur des crevettes curry-coco, mais je n'avais plus de lait de coco.
Alors j'ai improvisé avec les moyens du bord. Et le résultat, ma foi, était suffisamment satisfaisant pour que je le publie ici. En prime, c'est très rapide à préparer, le plus long étant de décortiquer les crevettes...


Ingrédients (pour 2 personnes)

10 grosses crevettes crues
1 petite boîte d'ananas au sirop
2 tiges de céleri branche
1/2 poivron jaune
1/2cm de gingembre frais
1 cuill à soupe de curry en poudre
1 cuill à café de Maïzena
20cl de crème fraîche épaisse
1 cuill à soupe de sauce soja
un peu d'huile (tournesol ou arachide)
Coriandre ciselée (fraîche ou surgelée, très pratique!)

Décortiquer les crevettes.
Hacher grossièrement le gingembre frais ; émincer le poivron et le céleri. Couper les tranches d'ananas (garder un peu de sirop).
Dans un wok ou une sauteuse,  faire chauffer un peu d'huile sur feu vif. Quand elle devient fumante, y faire revenir le gingembre pendant 10 secondes, puis les crevettes.
Ajouter ensuite le céleri et le poivron. Laisser colorer quelques instants puis ajouter les morceaux d'ananas. Baisser le feu
Saupoudrer de curry, bien mélanger, puis faire de même avec la Maïzena. Verser la sauce soja, 1 cuill à café du sirop, puis la crème fraîche. Faire réduire et épaissir quelques minutes en mélangeant régulièrement.


Servir avec du riz blanc et parsemer de coriandre. Et voilà un bon petit repas du soir vite fait bien fait!







lundi 24 septembre 2012

Almond Toffee Bars

Une variante des English Toffee Bars, pour laquelle j'ai - une fois de plus - honteusement emboîté le pas à Manue.
Quelques ajustements minimes de la recette initiale, et un résultat... totalement addictif!

Ingrédients :
Pour le sablé :
175 g de farine
120 g de sucre roux
75 g de beurre doux
1/2 cuillère à café de fleur de sel (ça change TOUT! )

Pour le topping :
100 g d'amandes
125 g de chocolat noir, au lait et blanc en pistoles
50 g de sucre roux
1 sachet de sucre vanillé
50 g de beurre demi-sel
50g de beurre doux

Préchauffer le four à 180° C. 
 
Préparer le sablé : mélanger du bout des doigts la farine, le sucre, la fleur de sel et le beurre, puis verser le tout dans un moule carré de 20 cm de côté tapissé de papier sulfurisé, en tassant bien à l’aide du fond d’un verre.
Recouvrir d'amandes.

Préparer le toffee : faire chauffer le sucre roux, le sucre vanillé et le beurre jusqu’à ce que le mélange épaississe et commence à colorer. Verser immédiatement sur les amandes, puis enfourner pendant une quinzaine de minutes. 
A la sortie du four, répartir immédiatement les pistoles de chocolat sur toute la surface.

Laisser refroidir complètement avant de découper en petits carrés (ou en rectangles si on veut vraiment respecter l'idée des "bars").




"Allô, l'addictologue? Je crois que j'ai un problème..."

dimanche 23 septembre 2012

Lotte rôtie, beurre blanc vanillé

Ou comment transformer un exercice imposé (assurer le déjeuner du dimanche chez le beau-père) en délicieux repas, raffiné sans être compliqué à réaliser...

Ingrédients (pour 4 personnes)

1 queue de lotte d'environ 1kg
2 feuilles de laurier
sel, poivre, huile d'olive
2 gousses de vanille
1/2 cuill à café de sucre en poudre
10cl de vin blanc sec
1 échalote
10cl de crème liquide
100g de beurre semi-sel

Préchauffer le four à 210°C.

Fendre les gousses de vanille, les placer dans une petite casserole avec le vin et le sucre. Réserver.

Débarrasser la queue de lotte (préalablement pelée par votre gentil poissonnier) d'un maximum de "membrane": celle-ci se rétracte en cuisant et donne une texture caoutchouteuse que personnellement je trouve fort désagréable. Passer la queue de lotte sous l'eau froide, l'essuyer avec du papier absorbant.
Huiler légèrement un plat à four, y déposer les feuilles de laurier. Placer la lotte au dessus, la badigeonner d'huile d'olive, saler, poivrer.
Enfourner à mi-hauteur, pendant 25 minutes environ.

Préparer le beurre blanc :
Hacher grossièrement l'échalote.
Porter à ébullition le vin blanc (avec la vanille), puis y jeter l'échalote. Faire réduire jusqu'à obtenir environ 2 cuillères à soupe de liquide, puis baisser le feu et incorporer la crème.
Laisser réduire de nouveau en tournant sans arrêt.
Couper le beurre bien froid en gros dés ; les ajouter un par an en fouettant pour "monter" la sauce.
Verser le beurre blanc dans un bol en le passant au chinois ; fouler pour bien récupérer toutes les saveurs. Réserver (on peut éventuellement placer le bol au bain-marie en attendant de servir).

Quand la lotte est cuite, la découper en tronçons ; servir aussitôt avec du riz blanc et napper de beurre blanc vanillé.
Se régaler, et recevoir avec grâce (nan j'déconne) les compliments des convives.



NB cette sauce fait merveille aussi avec du saumon (c'est ça le machin rose en arrière-plan sur la photo). Mais la lotte a quand même plus de classe.

lundi 17 septembre 2012

Dodo, l'enfant do...

Attention, sujet sensible...




P. a 3 mois. Elle a toujours dormi dans son berceau, dans sa chambre, depuis le retour de la maternité. Le cododo? Ses parents ont essayé une ou deux fois, mais tout le monde a mal dormi.
Elle est allaitée, en mixte depuis ses 2 mois, mais la nuit les biberons sont proscrits, trop contraignants par rapport aux tétées. Elle a petit à petit espacé ses réveils nocturnes, d'elle-même, et maintenant elle dort de 21h30 à 6h30, ses parents sont contents.
Par la suite, elle aura des phases où elle se réveillera de nouveau la nuit, notamment entre 4 mois 1/2 et 6 mois, puis entre 8 et 10 mois. Elle sera rendormie le plus souvent au sein, parfois en berçant. Une nuit de grosse fatigue, ses parents tenteront le" laisser-pleurer" qui semble si bien marcher pour d'autres bébés. Elle s'endormira au bout de 45 minutes de pleurs, pour se réveiller de nouveau 20 minutes plus tard. Ses parents se promettront de ne jamais réessayer.
Malgré l'intervention systématique d'un parent pour la rendormir, P. finira, vers 10 mois, par ne plus se réveiller la nuit (ou très exceptionnellement).

C. a 3 mois. Depuis la maternité, elle n'a pas dormi plus de 3h de suite, et surtout quasiment jamais ailleurs que sur sa mère, de jour comme de nuit. La poser, même profondément endormie, déclenche un fort réflexe de Moro et la réveille instantanément. Alors, puisqu'il faut bien dormir, sa maman dort avec son bébé contre elle, voire sur elle, et la porte en écharpe quasiment toute la journée.
C. est allaitée exclusivement ; elle tétouille beaucoup, aussi, et sa maman a parfois l'impression de lui servir de tétine. Elle continuera toutefois longtemps de la rendormir au sein la nuit, parce que c'est la solution la moins fatigante pour tout le monde.
La laisser pleurer? C'est contre les convictions des parents. D'ailleurs, depuis que la nounou a abandonné l'adaptation après 4 heures de pleurs ininterrompus, ils n'ont pas très envie de tenter l'expérience...
Par petites étapes, C. dormira un jour dans son lit, d'abord pour la première partie de la nuit suivie de cododo, puis pour toute la nuit. Elle se réveillera toutes les nuits, 2 à 3 fois par nuit, et sa maman lui donnera une mini-tétée pour la rendormir, jusqu'à 21 mois ; elle aura bien conscience que ces "câlins" nocturnes entretiennent potentiellement les réveils, mais n'aura pas l'énergie de chercher une alternative jusqu'à cet âge. 
C. ne dormira sans interruption que vers 2 ans, et restera une petite dormeuse.

S. a 3 mois. Elle dort dans son berceau à côté du lit de ses parents en début de nuit, et sa maman la prend en cododo au premier réveil nocturne, bien calée avec le coussin d'allaitement.
S. est allaitée exclusivement. Sa maman lui donne le sein à la demande, et la rendort au sein la nuit. Elle ne laisse pas pleurer.
Sans effort particulier de sa maman, S. a espacé progressivement ses tétées nocturnes et allongé sa "première tranche" de sommeil. La nuit dernière elle a dormi de 22h30 à 5h30, a tété, puis s'est rendormie jusqu'à 8h10 - heure à laquelle il a fallu la réveiller pour emmener les soeurs à l'école.

Le point commun de P., C. et S. ? Ce sont mes filles. Trois bébés, les mêmes parents et globalement la même façon de faire, et pourtant des nuits tellement différentes!

Si je vous dévoile tout ça, c'est qu'hier ma belle-soeur m'a raconté qu'une de mes consoeurs généralistes avait dit à une de ses amies (de ma belle-soeur, l'amie, pas de la toubib!), à propos de son fils : "Maintenant il DOIT faire ses nuits. Alors quand il pleure, vous y allez, vous lui dites 'Non, tu dors!' et surtout vous ne le prenez pas." Ce bébé ayant l'âge de ma Souricette (un peu plus de 3 mois donc), ce conseil - à la limite de l'injonction péremptoire - m'a choquée.

En temps que médecin, ça me choque/gêne toujours d'être mise face à ce besoin de tout contrôler qu'ont certains de mes confrères, notamment chez les bébés (il DOIT dormir à tel âge, il DOIT manger 31.2g de légumes avec 14.6g de pomme de terre - j'exagère mais à peine...
Par ailleurs j'estime que lorsque les parents nous demandent un conseil, par rapport au sommeil notamment, il est de bon ton de faire abstraction de ses convictions personnelles pour leur donner une information fiable ; à eux ensuite de l'adapter à leur mode de vie. Ainsi, ce n'est pas parce que le cododo ME convient qu'il conviendra à toutes les mamans ; ce n'est pas parce que JE trouve barbare de laisser pleurer un bébé que c'est forcément être un mauvais parent que de le faire (cf l'étude australienne rapportée ici).
Or, affirmer qu'un bébé de moins de 3 mois DOIT "faire ses nuits", c'est véhiculer une fausse information. D'une part, quand on dit "faire ses nuits", les parents novices comprennent souvent "dormir toute la nuit comme un adulte" ; mais le sommeil d'un nourrisson n'a rien à voir avec celui d'un adulte, et généralement on admet qu'il "fait ses nuits" quand il enchaîne 5 heures de suite. D'autre part, le sommeil du bébé s'organise progressivement, en lien avec la maturation cérébrale, au cours de sa première année de vie ; généralement il devient assez structuré entre 4 et 6 mois, mais ça peut être plus tôt, comme plus tard - il n'est ni rare, ni pathologique qu'un bébé continue de se réveiller la nuit entre 6 et 12 mois (voire plus tard).

En tant que maman, je trouve très culpabilisant cette obsession du 'il/elle fait ses nuits?' Parce que la critique est implicite dans le cas contraire : si ton bébé ne dort pas toute la nuit, c'est forcément que TU fais quelque chose de travers (tu l'as mal habitué, tu l'écoutes trop, c'est la faute à l'allaitement, tu devrais faire comme Machine qui l'a fait dormir dans le garage pour ne pas l'entendre et en 2 nuits c'était réglé...)
Mais au secours! Lâchez-nous la grappe! Ce n'est pas un concours de dressage! Alors oui, au bout de 10 minuscules semaines la plupart des mamans doivent retourner travailler et c'est très dur quand on manque de sommeil ; mais les bébés n'y sont pour rien, et affirmer qu'ils DOIVENT à cet âge laisser dormir leurs mamans est à mon sens toxique, que l'affirmation vienne du médecin, de la belle-mère ou de la concierge.
Toxique, parce que si on n'y arrive pas, si notre bébé n'est pas ce petit être complaisant qui comprend illico que ce serait sympa de laisser dormir maman, si on est viscéralement incapable de le laisser pleurer, si on n'a pas envie de passer des heures à tourner en rond avec un bébé hurlant alors qu'il est si simple et si doux de se rendormir en donnant une tétée...
Ben on se sent parfois bien seul(e), et il ne faudrait pas s'aviser de venir se plaindre parce qu'on a choisi sa croix...

Je me suis sentie parfois très seule avec les non-nuits de ma Clownette. Mais depuis j'ai repris les remplacement en médecine générale, et j'ai découvert qu'en abordant le sujet avec délicatesse, de nombreuses mamans reconnaissent que leur enfant se réveille la nuit jusqu'à 1 an, voire 2 ans. Qu'elles n'osent généralement pas le dire parce qu'on leur fait sentir que c'est de leur faute. Et que ça les soulage de pouvoir en parler sans être jugées, et de savoir que ce n'est pas rare.

Alors stop. Arrêtons de vouloir formater les bébés et de culpabiliser les mères. Sachons lâcher prise, comme le dit la Poule Pondeuse bien mieux que je ne saurais le faire...




vendredi 14 septembre 2012

Cake au roquefort, lardons et raisins secs

J'aime beaucoup les cakes salés, faciles et rapides à faire, pratiques pour un repas du soir pas trop lourd avec une salade verte.
J'aime beaucoup, donc. Mais dans les réunions de famille, fêtes de l'école, ou autres festivités où chacun amène "un truc à manger", j'évite généralement ceux des autres (sympa la fille, hein?) Parce que souvent trop secs et/ou trop fades. 

Pour éviter ce double écueil, ma parade est de, primo, ne pas lésiner sur la garniture, qui apporte goût et texture ; secundo, surveiller la cuisson et sortir le cake du four dès que le dessus prend une couleur "caramel blond" (cf la photo ci-dessous, j'ai bon pour la nuance?)


Aujourd'hui, cake inspiré par le contenu de mon frigo: une barquette de roquefort oubliée au fond du bac à légumes, et des lardons presque pas périmés... Et des raisins secs pour la touche de douceur!

Ingrédients
 
150g de roquefort
100g de lardons (ou allumettes de bacon)
50g de raisins secs
150g de farine
1 sachet de levure
3 oeufs
10cl d'huile (de tournesol par exemple)
12.5cl de lait tiède
50g d'emmenthal râpé
poivre




Préchauffer le four à 180°C.
Découper le roquefort en gros dés.
Dans un saladier, battre les oeufs en omelette; ajouter progressivement la farine et la levure, bien mélanger. Verser ensuite l'huile, le lait, le fromage râpé, toujours en mélangeant bien. 
Poivrer généreusement, ne pas saler.
Ajouter à la pâte le roquefort, les lardons et les raisins secs.
Verser dans un moule à cake chemisé de papier cuisson.
Enfourner pendant 20 à 25 minutes. Servir chaud ou tiède. 


mardi 4 septembre 2012

Bzzz, bzzz, bzzz...

(pour ceux qui ne l'aurait pas reconnu, c'est le bruit du buzz)

L'opération #PrivésDeDéserts a bien, voire même très bien fonctionné, et ce n'est pas fini. Cette capacité de faire réagir, médiatiser si vite par le biais des réseaux sociaux me laisse songeuse.

Si vous voulez suivre les évènements:
Dominique Dupagne a publié ceci ce matin, repris par certains des copains.
Yem a recensé ici les médias qui en parlent.
Et Biche a raconté en live la folle journée d'hier.

...to be continued...

lundi 3 septembre 2012

You may say I'm a dreamer...

...but I'm not the only one.

Je n'ai pas un parcours professionnel classique. Certes, à l'issue de mon internat, comme beaucoup, j'ai remplacé ; mais déjà je rêvais de stabilité et ai fait le choix d'un remplacement régulier. Au fil du temps je me suis créé une patientèle parallèle, et j'ai pu prendre la mesure de ce métier de "médecin de famille" que j'aime tant.
Toutefois, au bout de 5 ans, en partie du fait d'une opportunité mais surtout à cause de l'attitude d'une de mes "remplacées" à l'occasion de la naissance de mon premier enfant, j'ai cessé toute activité libérale pour travailler à l'hôpital. Je ne regrette pas cette période, j'ai appris beaucoup de choses et retrouvé le plaisir de travailler en équipe ; néanmoins le suivi global, et dans la durée, des patients, me manquait.
Deux ans et demi et un deuxième bébé plus tard, nouveau changement de cap, radical cette fois : suite à de gros soucis avec l'assistante maternelle de mes filles, j'ai pris 6 mois de congé parental.
A l'issue de ce "break", j'ai repris le libéral, toujours en temps que remplaçante, ainsi qu'une toute petite activité de consultation en maternité.Avec, me semble-t-il plus de recul et de sens critique sur ma façon d'exercer (la maturité?)
  
Je n'ai pas un parcours professionnel classique, disais-je.
Toutefois, le jour où, en bonne groupie de Jaddo, je me suis inscrite sur Twitter et ai découvert l'existence de toute une "communauté" médicale, je me suis sentie comme un poisson dans l'eau, en dépit de mes différences. Une vraie révélation.

Je ne suis pas seule. Eux aussi ont des doutes, des angoisses, des coups de blues, des coups de gueule... Il y a toujours quelqu'un pour rassurer sur une prise en charge, donner un avis sur un bouton bizarroïde. D'échanges professionnels en franche déconnade, des liens se tissent. Fluorette, GrangeBlanche ou encore Dzb17 en parlent beaucoup mieux que moi.

Voilà pourquoi, lorsque l'un de ces médecins m'a proposé de m'associer à une réflexion collective sur le devenir de la médecine générale, j'ai accepté avec enthousiasme.
Le texte qui suit est le fruit de cette réflexion. Nous sommes 24 médecins généralistes à le publier simultanément sur nos blogs.

Et si vous souhaitez soutenir ces propositions, vous pouvez le faire ici.

I hope some day you'll join us
And the world will live as one
Imagine, John Lennon





Médecine générale 2.0
Les propositions des médecins généralistes blogueurs
pour faire renaître la médecine générale



Comment sauver la médecine générale en France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur le territoire ? Chacun semble avoir un avis sur ce sujet, d’autant plus tranché qu’il est éloigné des réalités du terrain.

Nous, médecins généralistes blogueurs, acteurs d’un « monde de la santé 2.0 », nous nous reconnaissons mal dans les positions émanant des diverses structures officielles qui, bien souvent, se contentent de défendre leur pré carré et s’arc-boutent sur les ordres établis.

À l’heure où les discussions concernant l’avenir de la médecine générale font la une des médias, nous avons souhaité prendre position et constituer une force de proposition.

Conscients des enjeux et des impératifs qui sont devant nous, héritages d’erreurs passées, nous ne souhaitons pas nous dérober à nos responsabilités. Pas plus que nous ne souhaitons laisser le monopole de la parole à d’autres.

Notre ambition est de délivrer à nos patients des soins primaires de qualité, dans le respect de l’éthique qui doit guider notre exercice, et au meilleur coût pour les budgets sociaux. Nous souhaitons faire du bon travail, continuer à aimer notre métier, et surtout le faire aimer aux générations futures de médecins pour lui permettre de perdurer.

Nous pensons que c’est possible.


Sortir du modèle centré sur l’hôpital

La réforme de 1958 a lancé l’hôpital universitaire moderne. C’était une bonne chose qui a permis à la médecine française d’atteindre l’excellence, reconnue internationalement.

Pour autant, l’exercice libéral s’est trouvé marginalisé, privé d’enseignants, coupé des étudiants en médecine. En 50 ans, l’idée que l’hôpital doit être le lieu quasi unique de l’enseignement médical s’est ancrée dans les esprits. Les universitaires en poste actuellement n’ont pas connu d’autre environnement.

L’exercice hospitalier et salarié est ainsi devenu une norme, un modèle unique pour les étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à délaisser de plus en plus un exercice libéral qu’ils n’ont jamais rencontré pendant leurs études.

C’est une profonde anomalie qui explique en grande partie nos difficultés actuelles.

Cet hospitalo-centrisme a eu d’autres conséquences dramatiques :
-          Les médecins généralistes (MG) n’étant pas présents à l’hôpital n’ont eu accès que tout récemment et très partiellement à la formation des étudiants destinés à leur succéder.
-          Les budgets universitaires dédiés à la MG sont ridicules en regard des effectifs à former.
-          Lors des négociations conventionnelles successives depuis 1989, les spécialistes formés à l’hôpital ont obtenu l’accès exclusif aux dépassements d’honoraires créés en 1980, au détriment des généralistes contraints de se contenter d’honoraires conventionnels bloqués.

Pour casser cette dynamique mortifère pour la médecine générale, il nous semble nécessaire de réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.

Cette réforme aura un double effet :
-          Rendre ses lettres de noblesse à la médecine « de ville » et attirer les étudiants vers ce mode d’exercice.
-          Apporter des effectifs importants de médecins immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.

Il n’est pas question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.
Nous faisons l’analyse que toute mesure visant à obliger les jeunes MG à s’installer en zone déficitaire aurait un effet majeur de repoussoir. Elle ne ferait qu’accentuer la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.


C’est au contraire une véritable réflexion sur l’avenir de notre système de santé solidaire que nous souhaitons mener. Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’erreurs considérables commises avec la complicité passive de confrères plus âgés, dont certains voudraient désormais en faire payer le prix aux jeunes générations.


Idées-forces

Les idées qui sous-tendent notre proposition sont résumées ci-dessous, elles seront détaillées ensuite.

Elles sont applicables rapidement.

1) Construction par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de garde pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les professionnels de santé locaux.

2) Décentralisation universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital : les MSP se voient attribuer un statut universitaire et hébergent des externes, des internes et des chefs de clinique. Elles deviennent des MUSt : Maisons Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la médecine de ville.

3) Attractivité de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y enseigner : statut d’enseignant universitaire avec rémunération spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle à l’activité.

4) Création d’un nouveau métier de la santé : « Agent de gestion et d’interfaçage de MUSt » (AGI). Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt.

1) 1000 Maisons Universitaires de Santé

Le chiffre paraît énorme, et pourtant... Dans le cadre d’un appel d’offres national, le coût unitaire d’une MUSt ne dépassera pas le million d’euros (1000  m2. Coût 900 €/m2).

Le foncier sera fourni gratuitement par les communes ou les intercommunalités mises en compétition pour recevoir la MUSt. Il leur sera d’ailleurs demandé en sus de fournir des logements à prix très réduit pour les étudiants en stage dans la MUSt. Certains centres de santé municipaux déficitaires pourront être convertis en MUSt.

Au final, la construction de ces 1000 MUSt ne devrait pas coûter plus cher que la vaccination antigrippale de 2009 ou 5 ans de prescriptions de médicaments (inutiles) contre la maladie d’Alzheimer. C’est donc possible, pour ne pas dire facile.

Une MUSt est appelée à recevoir des médecins généralistes et des paramédicaux. La surface non utilisée par l’activité de soin universitaire peut être louée à d’autres professions de santé qui ne font pas partie administrativement de la MUSt (autres médecins spécialistes, dentiste, laboratoire d’analyse, cabinet de radiologie...). Ces MUSt deviennent de véritables pôles de santé urbains et ruraux.

Le concept de MUSt fait déjà l’objet d’expérimentations, dans le 94 notamment, il n’a donc rien d’utopique.

2) L’université dans la ville

Le personnel médical qui fera fonctionner ces MUSt sera constitué en grande partie d’internes et de médecins en post-internat :

·                    Des internes en médecine générale pour deux de leurs semestres qu’ils passaient jusqu’ici à l’hôpital. Leur cursus comportera donc en tout 2 semestres en MUSt, 1 semestre chez le praticien et 3 semestres hospitaliers. Ils seront rémunérés par l’ARS, subrogée dans le paiement des honoraires facturés aux patients qui permettront de couvrir une partie de leur rémunération. Le coût global de ces internes pour les ARS sera donc très inférieur à leur coût hospitalier du fait des honoraires perçus.

·                    De chefs de clinique universitaire de médecine générale (CCUMG), postes à créer en nombre pour rattraper le retard pris sur les autres spécialités. Le plus simple est d’attribuer proportionnellement à la médecine générale autant de postes de CCU ou assimilés qu’aux autres spécialités (un poste pour deux internes), soit un minimum de 3000 postes (1500 postes renouvelés chaque année). La durée de ce clinicat est de deux ans, ce qui garantira la présence d’au moins deux CCUMG par MUSt. Comme les autres chefs de clinique, ces CCUMG sont rémunérés à la fois par l’éducation nationale (part enseignante) et par l’ARS, qui reçoit en retour les honoraires liés aux soins délivrés. Ils bénéficient des mêmes rémunérations moyennes, prérogatives et avantages que les CCU hospitaliers.
Il pourrait être souhaitable que leur revenu comprenne une base salariée majoritaire, mais aussi une part variable dépendant de l’activité (par exemple, 20 % du montant des actes pratiqués) comme cela se pratique dans de nombreux dispensaires avec un impact significatif sur la productivité des consultants.

·                    Des externes pour leur premier stage de DCEM3, tel que prévu par les textes et non appliqué faute de structure d’accueil. Leur modeste rémunération sera versée par l’ARS. Ils ne peuvent pas facturer d’actes, mais participent à l’activité et à la productivité des internes et des CCUMG.

·                    De médecins seniors au statut mixte : les MG libéro-universitaires. Ils ont le choix d’être rémunérés par l’ARS, subrogée dans la perception de leurs honoraires (avec une part variable liée à l’activité) ou de fonctionner comme des libéraux exclusifs pour leur activité de soin. Une deuxième rémunération universitaire s’ajoute à la précédente, liée à leur fonction d’encadrement et d’enseignement. Du fait de l’importance de la présence de ces CCUMG pour lutter contre les déserts médicaux, leur rémunération universitaire pourra être financée par des budgets extérieurs à l’éducation nationale ou par des compensations entre ministères.

Au-delà de la nouveauté que représentent les MUSt, il nous paraît nécessaire, sur le long terme, de repenser l’organisation du cursus des études médicales sur un plan géographique en favorisant au maximum la décentralisation hors CHU, aussi bien des stages que des enseignements.

En effet, comment ne pas comprendre qu’un jeune médecin qui a passé une dizaine d’années dans sa ville de faculté et y a construit une vie familiale et amicale ne souhaite pas bien souvent y rester ?

Une telle organisation existe déjà, par exemple, pour les écoles infirmières, garantissant une couverture assez harmonieuse de tout le territoire par cette profession, et les nouvelles technologies permettent d’ores et déjà, de manière simple et peu onéreuse, cette décentralisation pour tous les enseignements théoriques.

3) Incitation plutôt que coercition : des salaires aux enchères

Le choix de la MUSt pour le bref stage de ville obligatoire des DCEM3 se fait par ordre alphabétique avec tirage au sort du premier à choisir, c’est la seule affectation qui présente une composante coercitive.

Le choix de la MUSt pour les chefs de clinique et les internes se pratique sur le principe de l’enchère : au salaire de base égal au SMIC est ajouté une prime annuelle qui sert de régulateur de choix : la prime augmente à partir de zéro jusqu’à ce qu’un(e) candidat(e) se manifeste. Pour les MUSt « difficiles », la prime peut atteindre un montant important, car elle n’est pas limitée. Par rapport à la rémunération actuelle d’un CCU (45 000 €/an), nous faisons le pari que la rémunération globale moyenne n’excédera pas ce montant.

En cas de candidats multiples pour une prime à zéro (et donc une rémunération de base au SMIC pour les MUSt les plus attractives) un tirage au sort départage les candidats.

Ce système un peu complexe présente l’énorme avantage de ne créer aucune frustration puisque chacun choisit son poste en mettant en balance la pénibilité et la rémunération.
De plus, il permet d’avoir la garantie que tous les postes seront pourvus.

Ce n’est jamais que la reproduction du fonctionnement habituel du marché du travail : l’employeur augmente le salaire pour un poste donné jusqu’à trouver un candidat ayant le profil requis et acceptant la rémunération. La différence est qu’il s’agit là de fonctions temporaires (6 mois pour les internes, 2 ans pour les chefs de clinique) justifiant d’intégrer cette rémunération variable sous forme de prime.



Avec un tel dispositif, ce sont 6 000 médecins généralistes qui seront disponibles en permanence dans les zones sous-médicalisées : 3000 CCUMG et 3000 internes de médecine générale.

4) Un nouveau métier de la santé : AGI de MUSt

Les MUSt fonctionnent bien sûr avec une ou deux secrétaires médicales suivant leur effectif médical et paramédical.

Mais la nouveauté que nous proposons est la création d’un nouveau métier : Agent de Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt. Il s’agit d’un condensé des fonctions remplies à l’hôpital par les agents administratifs et les cadres de santé hospitaliers.

C’est une véritable fonction de cadre supérieur de santé qui comporte les missions suivantes au sein de la MUSt :
— Gestion administrative et technique (achats, coordination des dépenses…).
— Gestion des ressources humaines.
— Interfaçage avec les tutelles universitaires
— Interfaçage avec l’ARS, la mairie et le Conseil Régional
— Gestion des locaux loués à d’autres professionnels.

Si cette nouvelle fonction se développe initialement au sein des MUSt, il sera possible ensuite de la généraliser aux cabinets de groupes ou maisons de santé non universitaires, et de proposer des solutions mutualisées pour tous les médecins qui le souhaiteront.

Cette délégation de tâches administratives est en effet indispensable afin de permettre aux MG de se concentrer sur leurs tâches réellement médicales : là où un généraliste anglais embauche en moyenne 2,5 équivalents temps plein, le généraliste français en est à une ½ secrétaire ; et encore, ce gain qualitatif représente-t-il parfois un réel sacrifice financier.

Directement ou indirectement, il s’agit donc de nous donner les moyens de travailler correctement sans nous disperser dans des tâches administratives ou de secrétariat.
Une formule innovante : les « chèques-emploi médecin »

Une solution complémentaire à l’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi » financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.[1]

Il s’agit d’un moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires, personnel d’entretien) employés par les cabinets de médecins libéraux, équivalent du chèque-emploi pour les familles.

Il libérerait des tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable, sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse beaucoup de jeunes médecins.

Cette solution stimulerait l’emploi dans les déserts médicaux et pourrait donc bénéficier de subventions spécifiques. Le chèque-emploi servirait ainsi directement à une amélioration qualitative des soins et à dégager du temps médical pour mieux servir la population.

Il est beaucoup question de « délégation de tâche » actuellement. Or ce ne sont pas les soins aux patients que les médecins souhaitent déléguer pour améliorer leur disponibilité : ce sont les contraintes administratives !
Former des agents administratifs est bien plus simple et rapide que de former des infirmières, professionnelles de santé qualifiées qui sont tout aussi nécessaires et débordées que les médecins dans les déserts médicaux.


Aspects financiers : un budget très raisonnable

Nous avons vu que la construction de 1000 MUSt coûtera moins cher que 5 ans de médicaments anti-Alzheimer ou qu’une vaccination antigrippale comme celle engagée contre la pandémie de 2009.

Les internes étaient rémunérés par l’hôpital, ils le seront par l’ARS. Les honoraires générés par leur activité de soin devraient compenser les frais que l’hôpital devra engager pour les remplacer par des FFI, permettant une opération neutre sur le plan financier, comme ce sera le cas pour les externes.

La rémunération des chefs de clinique constitue un coût supplémentaire, à la mesure de l’enjeu de cette réforme. Il s’agit d’un simple rattrapage du retard pris dans les nominations de CCUMG chez les MG par rapport aux autres spécialités. De plus, la production d’honoraires par les CCUMG compensera en partie leurs coûts salariaux. La dépense universitaire pour ces 3000 postes est de l’ordre de 100 millions d’euros par an, soit 0,06 % des dépenses de santé françaises. À titre de comparaison, le plan Alzheimer 2008-2012 a été doté d’un budget de 1,6 milliard d’euros. Il nous semble que le retour des médecins dans les campagnes est un objectif sanitaire, qui justifie lui aussi un « Plan » et non des mesures hâtives dépourvues de vision à long terme.

N’oublions pas non plus qu’une médecine de qualité dans un environnement universitaire est réputée moins coûteuse, notamment en prescriptions médicamenteuses. Or, un médecin « coûte » à l’assurance-maladie le double de ses honoraires en médicaments. Si ces CCUMG prescrivent ne serait-ce que 20 % moins que la moyenne des  autres prescripteurs, c’est 40 % de leur salaire qui est économisé par l’assurance-maladie.

Les secrétaires médicales seront rémunérées en partie par la masse d’honoraires générée, y compris par les « libéro-universitaires », en partie par la commune ou l’intercommunalité candidate à l’implantation d’une MUSt.


Le reclassement des visiteurs médicaux

Le poste d’Agent de Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt constitue le seul budget significatif créé par cette réforme. Nous avons une proposition originale à ce sujet. Il existe actuellement en France plusieurs milliers de visiteurs médicaux assurant la promotion des médicaments auprès des prescripteurs. Nous savons que cette promotion est responsable de surcoûts importants pour l’assurance-maladie. Une solution originale consisterait à interdire cette activité promotionnelle et à utiliser ce vivier de ressources humaines libérées pour créer les AGI.
En effet, le devenir de ces personnels constitue l’un des freins majeurs opposés à la suppression de la visite médicale. Objection recevable ne serait-ce que sur le plan humain. Ces personnels sont déjà répartis sur le territoire, connaissent bien l’exercice médical et les médecins. Une formation supplémentaire de un an leur permettrait d’exercer cette nouvelle fonction plus prestigieuse que leur ancienne activité commerciale.
Dans la mesure où leurs salaires (industriels) étaient forcément inférieurs aux prescriptions induites par leurs passages répétés chez les médecins, il n’est pas absurde de penser que l’économie induite pour l’assurance-maladie et les mutuelles sera supérieure au coût global de ces nouveaux agents administratifs de ville.
Il s’agirait donc d’une solution réaliste, humainement responsable et économiquement neutre pour l’assurance maladie.


Globalement, cette réforme est donc peu coûteuse. Nous pensons qu’elle pourrait même générer une économie globale, tout en apportant plusieurs milliers de soignants immédiatement opérationnels là où le besoin en est le plus criant.

De toute façon, les autres mesures envisagées sont soit plus coûteuses (fonctionnarisation des médecins libéraux) soit irréalisables (implanter durablement des jeunes médecins là où il n’y a plus d’école, de poste, ni de commerces). Ce n’est certainement pas en maltraitant davantage une profession déjà extraordinairement fragilisée qu’il sera possible d’inverser les tendances actuelles.


Calendrier

La réforme doit être mise en place avec « agilité ». Le principe sera testé dans des MUSt expérimentales et modifié en fonction des difficultés rencontrées. L’objectif est une généralisation en 3 ans.
Ce délai permettra aux étudiants de savoir où ils s’engagent lors de leur choix de spécialité. Il permettra également de recruter et former les maîtres de stage libéro-universitaires ; il permettra enfin aux ex-visiteurs médicaux de se former à leurs nouvelles fonctions.


Et quoi d’autre ?

Dans ce document, déjà bien long, nous avons souhaité cibler des propositions simples et originales. Nous n’avons pas voulu l’alourdir en reprenant de nombreuses autres propositions déjà exprimées ailleurs ou qui nous paraissent dorénavant des évidences, par exemple :

·                    L’indépendance de notre formation initiale et continue vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique ou de tout autre intérêt particulier.
·                                       La nécessité d’assurer une protection sociale satisfaisante des médecins (maternité, accidents du travail…).
·                                       La nécessaire diversification des modes de rémunération.
Si nous ne rejetons pas forcément le principe du paiement à l’acte – qui a ses propres avantages –, il ne nous semble plus pouvoir constituer le seul socle de notre rémunération. Il s’agit donc de :
— Augmenter la part de revenus forfaitaires, actuellement marginale.
— Ouvrir la possibilité de systèmes de rémunération mixtes associant capitation et paiement à l’acte ou salariat et paiement à l’acte.
— Surtout, inventer un cadre flexible, car nous pensons qu’il devrait être possible d’exercer la « médecine de famille » ambulatoire en choisissant son mode de rémunération.
·                    La fin de la logique mortifère de la rémunération à la performance fondée sur d’hypothétiques critères « objectifs », constat déjà fait par d’autres pays qui ont tenté ces expériences. En revanche, il est possible d’inventer une évaluation qualitative intelligente à condition de faire preuve de courage et d’imagination.
·                    La nécessité de viser globalement une revalorisation des revenus des généralistes français qui sont aujourd’hui au bas de l’échelle des revenus parmi les médecins français, mais aussi en comparaison des autres médecins généralistes européens.
D’autres pays l’ont compris : lorsque les généralistes sont mieux rémunérés et ont les moyens de travailler convenablement, les dépenses globales de santé baissent !



Riche de notre diversité d’âges, d’origines géographiques ou de mode d’exercice, et partageant pourtant la même vision des fondamentaux de notre métier, notre communauté informelle est prête à prendre part aux débats à venir.

Dotés de nos propres outils de communication (blogs, forums, listes de diffusion et d’échanges, réseaux sociaux), nous ambitionnons de contribuer à la fondation d’une médecine générale 2.0.






[1] À titre d’exemple, pour 100 patients enregistrés, la caisse abonderait l'équivalent de 2 ou 2,5 heures d'emploi hebdomadaires et le médecin aurait la possibilité de prendre ces "tickets" en payant une somme équivalente (pour arriver à un temps plein sur une patientèle type de 800 patients).



Texte complet des propositions, en format PDF :


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