...but I'm not the only one.
Je n'ai pas un parcours professionnel classique. Certes, à l'issue de mon internat, comme beaucoup, j'ai remplacé ; mais déjà je rêvais de stabilité et ai fait le choix d'un remplacement régulier. Au fil du temps je me suis créé une patientèle parallèle, et j'ai pu prendre la mesure de ce métier de "médecin de famille" que j'aime tant.
Toutefois, au bout de 5 ans, en partie du fait d'une opportunité mais surtout à cause de l'attitude d'une de mes "remplacées" à l'occasion de la naissance de mon premier enfant, j'ai cessé toute activité libérale pour travailler à l'hôpital. Je ne regrette pas cette période, j'ai appris beaucoup de choses et retrouvé le plaisir de travailler en équipe ; néanmoins le suivi global, et dans la durée, des patients, me manquait.
Deux ans et demi et un deuxième bébé plus tard, nouveau changement de cap, radical cette fois : suite à de gros soucis avec l'assistante maternelle de mes filles, j'ai pris 6 mois de congé parental.
A l'issue de ce "break", j'ai repris le libéral, toujours en temps que remplaçante, ainsi qu'une toute petite activité de consultation en maternité.Avec, me semble-t-il plus de recul et de sens critique sur ma façon d'exercer (la maturité?)
Je n'ai pas un parcours professionnel classique, disais-je.
Toutefois, le jour où, en bonne groupie de Jaddo, je me suis inscrite sur Twitter et ai découvert l'existence de toute une "communauté" médicale, je me suis sentie comme un poisson dans l'eau, en dépit de mes différences. Une vraie révélation.
Je ne suis pas seule. Eux aussi ont des doutes, des angoisses, des coups de blues, des coups de gueule... Il y a toujours quelqu'un pour rassurer sur une prise en charge, donner un avis sur un bouton bizarroïde. D'échanges professionnels en franche déconnade, des liens se tissent. Fluorette, GrangeBlanche ou encore Dzb17 en parlent beaucoup mieux que moi.
Voilà pourquoi, lorsque l'un de ces médecins m'a proposé de m'associer à une réflexion collective sur le devenir de la médecine générale, j'ai accepté avec enthousiasme.
Le texte qui suit est le fruit de cette réflexion. Nous sommes 24 médecins généralistes à le publier simultanément sur nos blogs.
Et si vous souhaitez soutenir ces propositions, vous pouvez le faire ici.
Toutefois, au bout de 5 ans, en partie du fait d'une opportunité mais surtout à cause de l'attitude d'une de mes "remplacées" à l'occasion de la naissance de mon premier enfant, j'ai cessé toute activité libérale pour travailler à l'hôpital. Je ne regrette pas cette période, j'ai appris beaucoup de choses et retrouvé le plaisir de travailler en équipe ; néanmoins le suivi global, et dans la durée, des patients, me manquait.
Deux ans et demi et un deuxième bébé plus tard, nouveau changement de cap, radical cette fois : suite à de gros soucis avec l'assistante maternelle de mes filles, j'ai pris 6 mois de congé parental.
A l'issue de ce "break", j'ai repris le libéral, toujours en temps que remplaçante, ainsi qu'une toute petite activité de consultation en maternité.Avec, me semble-t-il plus de recul et de sens critique sur ma façon d'exercer (la maturité?)
Je n'ai pas un parcours professionnel classique, disais-je.
Toutefois, le jour où, en bonne groupie de Jaddo, je me suis inscrite sur Twitter et ai découvert l'existence de toute une "communauté" médicale, je me suis sentie comme un poisson dans l'eau, en dépit de mes différences. Une vraie révélation.
Je ne suis pas seule. Eux aussi ont des doutes, des angoisses, des coups de blues, des coups de gueule... Il y a toujours quelqu'un pour rassurer sur une prise en charge, donner un avis sur un bouton bizarroïde. D'échanges professionnels en franche déconnade, des liens se tissent. Fluorette, GrangeBlanche ou encore Dzb17 en parlent beaucoup mieux que moi.
Voilà pourquoi, lorsque l'un de ces médecins m'a proposé de m'associer à une réflexion collective sur le devenir de la médecine générale, j'ai accepté avec enthousiasme.
Le texte qui suit est le fruit de cette réflexion. Nous sommes 24 médecins généralistes à le publier simultanément sur nos blogs.
Et si vous souhaitez soutenir ces propositions, vous pouvez le faire ici.
I hope some day you'll join us
And the world will live as one
Imagine, John Lennon
Médecine
générale 2.0
Les
propositions des médecins généralistes blogueurs
pour faire
renaître la médecine générale
Comment sauver la médecine générale en
France et assurer des soins primaires de qualité répartis sur le territoire ?
Chacun semble avoir un avis sur ce sujet, d’autant plus tranché qu’il est
éloigné des réalités du terrain.
Nous, médecins généralistes blogueurs,
acteurs d’un « monde de la santé 2.0 », nous nous reconnaissons
mal dans les positions émanant des diverses structures officielles qui, bien
souvent, se contentent de défendre leur pré carré et s’arc-boutent sur les
ordres établis.
À l’heure où les discussions concernant
l’avenir de la médecine générale font la une des médias, nous avons souhaité
prendre position et constituer une force de proposition.
Conscients des enjeux et des impératifs
qui sont devant nous, héritages d’erreurs passées, nous ne souhaitons pas nous
dérober à nos responsabilités. Pas plus que nous ne souhaitons laisser le
monopole de la parole à d’autres.
Notre ambition est de délivrer à nos
patients des soins primaires de qualité, dans le respect de l’éthique qui doit
guider notre exercice, et au meilleur coût pour les budgets sociaux. Nous
souhaitons faire du bon travail, continuer à aimer notre métier, et surtout le
faire aimer aux générations futures de médecins pour lui permettre de perdurer.
Nous pensons que c’est possible.
Sortir du modèle centré sur l’hôpital
La réforme de 1958 a lancé l’hôpital
universitaire moderne. C’était une bonne chose qui a permis à la médecine
française d’atteindre l’excellence, reconnue internationalement.
Pour autant,
l’exercice libéral s’est trouvé marginalisé, privé d’enseignants, coupé des
étudiants en médecine. En 50 ans, l’idée que l’hôpital doit être le lieu quasi unique
de l’enseignement médical s’est ancrée dans les esprits. Les universitaires en
poste actuellement n’ont pas connu d’autre environnement.
L’exercice
hospitalier et salarié est ainsi devenu une norme, un modèle unique pour les
étudiants en médecine, conduisant les nouvelles promotions de diplômés à
délaisser de plus en plus un exercice libéral qu’ils n’ont jamais rencontré
pendant leurs études.
C’est une profonde
anomalie qui explique en grande partie nos difficultés actuelles.
Cet hospitalo-centrisme
a eu d’autres conséquences dramatiques :
-
Les médecins généralistes (MG) n’étant pas
présents à l’hôpital n’ont eu accès que tout récemment et très partiellement à
la formation des étudiants destinés à leur succéder.
-
Les budgets universitaires dédiés à la MG sont ridicules en regard des
effectifs à former.
-
Lors des négociations conventionnelles
successives depuis 1989, les spécialistes formés à l’hôpital ont obtenu l’accès
exclusif aux dépassements d’honoraires créés en 1980, au détriment des
généralistes contraints de se contenter d’honoraires conventionnels bloqués.
Pour casser cette
dynamique mortifère pour la médecine générale, il nous semble nécessaire de
réformer profondément la formation initiale des étudiants en médecine.
Cette réforme aura
un double effet :
-
Rendre ses lettres de noblesse à la médecine
« de ville » et attirer les étudiants vers ce mode
d’exercice.
-
Apporter des effectifs importants de médecins
immédiatement opérationnels dans les zones sous-médicalisées.
Il n’est pas
question dans ces propositions de mesures coercitives aussi injustes
qu’inapplicables contraignant de jeunes médecins à s’installer dans des
secteurs déterminés par une tutelle sanitaire.
Nous faisons
l’analyse que toute mesure visant à obliger les jeunes MG à s’installer en zone
déficitaire aurait un effet majeur de repoussoir. Elle ne ferait qu’accentuer
la désaffection pour la médecine générale, poussant les jeunes générations vers
des offres salariées (nombreuses), voire vers un exercice à l’étranger.
C’est au contraire une véritable réflexion sur l’avenir
de notre système de santé solidaire que nous souhaitons mener.
Il s’agit d’un rattrapage accéléré d’erreurs considérables commises avec la
complicité passive de confrères plus âgés, dont certains voudraient désormais
en faire payer le prix aux jeunes générations.
Idées-forces
Les idées qui
sous-tendent notre proposition sont résumées ci-dessous, elles seront
détaillées ensuite.
Elles sont
applicables rapidement.
1) Construction
par les collectivités locales ou les ARS de 1000 maisons de santé
pluridisciplinaires qui deviennent aussi des maisons médicales de garde
pour la permanence des soins, en étroite collaboration avec les
professionnels de santé locaux.
2) Décentralisation
universitaire qui rééquilibre la ville par rapport à l’hôpital : les
MSP se voient attribuer un statut universitaire et hébergent des externes, des
internes et des chefs de clinique. Elles deviennent des MUSt : Maisons
Universitaires de Santé qui constituent l’équivalent du CHU pour la
médecine de ville.
3) Attractivité
de ces MUSt pour les médecins seniors qui acceptent de s’y installer et d’y
enseigner : statut d’enseignant universitaire avec rémunération
spécifique fondée sur une part salariée majoritaire et une part proportionnelle
à l’activité.
4) Création d’un
nouveau métier de la santé : « Agent de gestion et d’interfaçage de
MUSt » (AGI). Ces agents polyvalents assurent la gestion de la MUSt, les rapports
avec les ARS et l’Université, la facturation des actes et les tiers payants. De
façon générale, les AGI gèrent toute l’activité administrative liée à la MUSt et à son activité
de soin. Ce métier est distinct de celui de la secrétaire médicale de la MUSt.
1) 1000
Maisons Universitaires de Santé
Le chiffre paraît
énorme, et pourtant... Dans le cadre d’un appel d’offres national, le coût
unitaire d’une MUSt ne dépassera pas le million d’euros (1000 m2.
Coût 900 €/m2).
Le foncier sera
fourni gratuitement par les communes ou les intercommunalités mises en
compétition pour recevoir la MUSt.
Il leur sera d’ailleurs demandé en sus de fournir des
logements à prix très réduit pour les étudiants en stage dans la MUSt. Certains
centres de santé municipaux déficitaires pourront être convertis en MUSt.
Au final, la
construction de ces 1000 MUSt ne devrait pas coûter plus cher que
la vaccination antigrippale de 2009 ou 5 ans de prescriptions de médicaments
(inutiles) contre la maladie d’Alzheimer. C’est donc possible, pour ne pas dire
facile.
Une MUSt est
appelée à recevoir des médecins généralistes et des paramédicaux. La surface
non utilisée par l’activité de soin universitaire peut être louée à d’autres
professions de santé qui ne font pas partie administrativement de la MUSt (autres médecins
spécialistes, dentiste, laboratoire d’analyse, cabinet de radiologie...). Ces MUSt
deviennent de véritables pôles de santé urbains et ruraux.
Le concept de MUSt
fait déjà l’objet d’expérimentations, dans le 94 notamment, il n’a donc rien
d’utopique.
2)
L’université dans la ville
Le personnel
médical qui fera fonctionner ces MUSt sera constitué en grande partie
d’internes et de médecins en post-internat :
·
Des internes en médecine
générale pour deux de leurs semestres qu’ils passaient jusqu’ici à l’hôpital.
Leur cursus comportera donc en tout 2 semestres en MUSt, 1 semestre chez
le praticien et 3 semestres hospitaliers. Ils seront rémunérés par l’ARS,
subrogée dans le paiement des honoraires facturés aux patients qui
permettront de couvrir une partie de leur rémunération. Le coût global de ces
internes pour les ARS sera donc très inférieur à leur coût hospitalier du fait des
honoraires perçus.
·
De chefs de clinique universitaire de médecine
générale (CCUMG), postes à créer en nombre pour rattraper le
retard pris sur les autres spécialités. Le plus simple est d’attribuer
proportionnellement à la médecine générale autant de postes de CCU ou assimilés
qu’aux autres spécialités (un poste pour deux internes), soit un minimum de
3000 postes (1500 postes renouvelés chaque année). La durée de ce clinicat est
de deux ans, ce qui garantira la présence d’au moins deux CCUMG par MUSt. Comme
les autres chefs de clinique, ces CCUMG sont rémunérés à la fois par
l’éducation nationale (part enseignante) et par l’ARS, qui reçoit en retour les
honoraires liés aux soins délivrés. Ils bénéficient des mêmes rémunérations
moyennes, prérogatives et avantages que les CCU hospitaliers.
Il pourrait être
souhaitable que leur revenu comprenne une base salariée majoritaire, mais aussi
une part variable dépendant de l’activité (par exemple,
20 % du montant des actes pratiqués) comme cela se pratique dans de
nombreux dispensaires avec un impact significatif sur la productivité des
consultants.
·
Des externes pour leur premier
stage de DCEM3, tel que prévu par les textes et non appliqué faute de structure
d’accueil. Leur modeste rémunération sera versée par l’ARS. Ils ne peuvent pas
facturer d’actes, mais participent à l’activité et à la productivité des
internes et des CCUMG.
·
De médecins seniors au statut mixte : les
MG libéro-universitaires. Ils ont le choix d’être
rémunérés par l’ARS, subrogée dans la perception de leurs honoraires (avec une
part variable liée à l’activité) ou de fonctionner comme des libéraux exclusifs
pour leur activité de soin. Une deuxième rémunération universitaire s’ajoute à
la précédente, liée à leur fonction d’encadrement et d’enseignement. Du fait de
l’importance de la présence de ces CCUMG pour lutter contre les déserts
médicaux, leur rémunération universitaire pourra être financée par des budgets
extérieurs à l’éducation nationale ou par des compensations entre ministères.
Au-delà de la
nouveauté que représentent les MUSt, il nous paraît nécessaire, sur le long
terme, de repenser l’organisation du cursus des études médicales sur un plan
géographique en favorisant au maximum la décentralisation hors CHU, aussi
bien des stages que des enseignements.
En effet, comment
ne pas comprendre qu’un jeune médecin qui a passé une dizaine d’années dans sa
ville de faculté et y a construit une vie familiale et amicale ne souhaite pas
bien souvent y rester ?
Une telle
organisation existe déjà, par exemple, pour les écoles infirmières,
garantissant une couverture assez harmonieuse de tout le territoire par cette
profession, et les nouvelles technologies permettent d’ores et déjà, de manière
simple et peu onéreuse, cette décentralisation pour tous les enseignements
théoriques.
3) Incitation
plutôt que coercition : des salaires aux enchères
Le choix de la MUSt pour le bref stage de
ville obligatoire des DCEM3 se fait par ordre alphabétique avec tirage au sort
du premier à choisir, c’est la seule affectation qui présente une composante
coercitive.
Le choix de la MUSt pour les chefs de
clinique et les internes se pratique sur le principe de l’enchère :
au salaire de base égal au SMIC est ajouté une prime annuelle qui sert de
régulateur de choix : la prime augmente à partir de zéro jusqu’à ce
qu’un(e) candidat(e) se manifeste. Pour les MUSt « difficiles », la
prime peut atteindre un montant important, car elle n’est pas limitée. Par
rapport à la rémunération actuelle d’un CCU (45 000 €/an), nous
faisons le pari que la rémunération globale moyenne n’excédera pas ce montant.
En cas de candidats
multiples pour une prime à zéro (et donc une rémunération de base au SMIC pour
les MUSt les plus attractives) un tirage au sort départage les candidats.
Ce système un peu
complexe présente l’énorme avantage de ne créer aucune frustration puisque
chacun choisit son poste en mettant en balance la pénibilité et la
rémunération.
De plus, il permet
d’avoir la garantie que tous les postes seront pourvus.
Ce n’est jamais que
la reproduction du fonctionnement habituel du marché du travail :
l’employeur augmente le salaire pour un poste donné jusqu’à trouver un candidat
ayant le profil requis et acceptant la rémunération. La différence est qu’il
s’agit là de fonctions temporaires (6 mois pour les internes, 2 ans pour les
chefs de clinique) justifiant d’intégrer cette rémunération variable sous forme
de prime.
Avec un tel
dispositif, ce sont 6 000 médecins généralistes qui seront disponibles en
permanence dans les zones sous-médicalisées : 3000 CCUMG et 3000 internes
de médecine générale.
4) Un nouveau
métier de la santé : AGI de MUSt
Les MUSt
fonctionnent bien sûr avec une ou deux secrétaires médicales suivant leur
effectif médical et paramédical.
Mais la nouveauté
que nous proposons est la création d’un nouveau métier : Agent de
Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt. Il s’agit d’un condensé des
fonctions remplies à l’hôpital par les agents administratifs et les cadres de
santé hospitaliers.
C’est une véritable
fonction de cadre supérieur de santé qui comporte les missions suivantes
au sein de la MUSt :
— Gestion
administrative et technique (achats, coordination des dépenses…).
— Gestion des
ressources humaines.
— Interfaçage avec
les tutelles universitaires
— Interfaçage avec
l’ARS, la mairie et le Conseil Régional
— Gestion des
locaux loués à d’autres professionnels.
Si cette nouvelle
fonction se développe initialement au sein des MUSt, il sera possible ensuite de
la généraliser aux cabinets de groupes ou maisons de santé non
universitaires, et de proposer des solutions mutualisées pour tous les médecins
qui le souhaiteront.
Cette délégation de
tâches administratives est en effet indispensable afin de permettre aux MG de
se concentrer sur leurs tâches réellement médicales : là où un
généraliste anglais embauche en moyenne 2,5 équivalents temps plein, le
généraliste français en est à une ½ secrétaire ; et encore, ce gain qualitatif
représente-t-il parfois un réel sacrifice financier.
Directement ou
indirectement, il s’agit donc de nous donner les moyens de travailler
correctement sans nous disperser dans des tâches administratives ou de
secrétariat.
Une formule
innovante : les « chèques-emploi médecin »
Une solution
complémentaire à l’AGI pourrait résider dans la création de « chèques-emploi »
financés à parts égales par les médecins volontaires et par les caisses.[1]
Il s’agit d’un
moyen de paiement simplifié de prestataires de services (AGI, secrétaires,
personnel d’entretien) employés par les cabinets de médecins libéraux,
équivalent du chèque-emploi pour les familles.
Il libérerait des
tâches administratives les médecins isolés qui y passent un temps considérable,
sans les contraindre à se transformer en employeur, statut qui repousse
beaucoup de jeunes médecins.
Cette solution
stimulerait l’emploi dans les déserts médicaux et pourrait donc bénéficier de
subventions spécifiques. Le chèque-emploi servirait ainsi directement à une amélioration
qualitative des soins et à dégager du temps médical pour mieux servir la
population.
Il est beaucoup
question de « délégation de tâche » actuellement. Or ce ne sont pas
les soins aux patients que les médecins souhaitent déléguer pour améliorer leur
disponibilité : ce sont les contraintes administratives !
Former des agents
administratifs est bien plus simple et rapide que de former des infirmières,
professionnelles de santé qualifiées qui sont tout aussi nécessaires et
débordées que les médecins dans les déserts médicaux.
Aspects financiers : un budget très raisonnable
Nous avons vu que
la construction de 1000 MUSt coûtera moins cher que 5 ans de médicaments
anti-Alzheimer ou qu’une vaccination antigrippale comme celle engagée contre la
pandémie de 2009.
Les internes
étaient rémunérés par l’hôpital, ils le seront par l’ARS. Les honoraires
générés par leur activité de soin devraient compenser les frais que l’hôpital
devra engager pour les remplacer par des FFI, permettant une opération neutre
sur le plan financier, comme ce sera le cas pour les externes.
La rémunération des
chefs de clinique constitue un coût supplémentaire, à la mesure de l’enjeu de
cette réforme. Il s’agit d’un simple rattrapage du retard pris dans les
nominations de CCUMG chez les MG par rapport aux autres spécialités. De plus,
la production d’honoraires par les CCUMG compensera en partie leurs coûts
salariaux. La dépense universitaire pour ces 3000 postes est de l’ordre de 100
millions d’euros par an, soit 0,06 % des dépenses de santé françaises. À
titre de comparaison, le plan Alzheimer 2008-2012 a été doté d’un budget
de 1,6 milliard d’euros. Il nous semble que le retour des médecins dans les
campagnes est un objectif sanitaire, qui justifie lui aussi un
« Plan » et non des mesures hâtives dépourvues de vision à long
terme.
N’oublions pas non
plus qu’une médecine de qualité dans un environnement universitaire est réputée
moins coûteuse, notamment en prescriptions médicamenteuses. Or, un médecin
« coûte » à l’assurance-maladie le double de ses honoraires en
médicaments. Si ces CCUMG prescrivent ne serait-ce que 20 % moins que la
moyenne des autres prescripteurs, c’est 40 % de leur salaire qui est
économisé par l’assurance-maladie.
Les secrétaires
médicales seront rémunérées en partie par la masse d’honoraires générée, y
compris par les « libéro-universitaires », en partie par la commune
ou l’intercommunalité candidate à l’implantation d’une MUSt.
Le reclassement des visiteurs médicaux
Le poste d’Agent de
Gestion et d’Interfaçage (AGI) de MUSt constitue le seul budget significatif
créé par cette réforme. Nous avons une proposition originale à ce sujet. Il
existe actuellement en France plusieurs milliers de visiteurs médicaux
assurant la promotion des médicaments auprès des prescripteurs. Nous savons que
cette promotion est responsable de surcoûts importants pour
l’assurance-maladie. Une solution originale consisterait à interdire cette
activité promotionnelle et à utiliser ce vivier de ressources humaines libérées
pour créer les AGI.
En effet, le
devenir de ces personnels constitue l’un des freins majeurs opposés à la
suppression de la visite médicale. Objection recevable ne serait-ce que sur le
plan humain. Ces personnels sont déjà répartis sur le territoire, connaissent
bien l’exercice médical et les médecins. Une formation supplémentaire de un an
leur permettrait d’exercer cette nouvelle fonction plus prestigieuse que leur
ancienne activité commerciale.
Dans la mesure où
leurs salaires (industriels) étaient forcément inférieurs aux prescriptions
induites par leurs passages répétés chez les médecins, il n’est pas absurde de
penser que l’économie induite pour l’assurance-maladie et les mutuelles sera
supérieure au coût global de ces nouveaux agents administratifs de ville.
Il s’agirait donc
d’une solution réaliste, humainement responsable et économiquement neutre pour
l’assurance maladie.
Globalement, cette
réforme est donc peu coûteuse. Nous pensons qu’elle pourrait même générer une
économie globale, tout en apportant plusieurs milliers de soignants
immédiatement opérationnels là où le besoin en est le plus criant.
De toute façon, les
autres mesures envisagées sont soit plus coûteuses (fonctionnarisation des
médecins libéraux) soit irréalisables (implanter durablement des jeunes
médecins là où il n’y a plus d’école, de poste, ni de commerces). Ce n’est
certainement pas en maltraitant davantage une profession déjà
extraordinairement fragilisée qu’il sera possible d’inverser les tendances
actuelles.
Calendrier
La réforme doit
être mise en place avec « agilité ». Le principe sera testé dans des
MUSt expérimentales et modifié en fonction des difficultés rencontrées.
L’objectif est une généralisation en 3 ans.
Ce délai permettra
aux étudiants de savoir où ils s’engagent lors de leur choix de spécialité. Il
permettra également de recruter et former les maîtres de stage
libéro-universitaires ; il permettra enfin aux ex-visiteurs médicaux de se
former à leurs nouvelles fonctions.
Et quoi d’autre ?
Dans ce document,
déjà bien long, nous avons souhaité cibler des propositions simples et
originales. Nous n’avons pas voulu l’alourdir en reprenant de nombreuses autres
propositions déjà exprimées ailleurs ou qui nous paraissent dorénavant des
évidences, par exemple :
·
L’indépendance de notre formation
initiale et continue vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique ou de tout autre
intérêt particulier.
·
La nécessité d’assurer une protection sociale
satisfaisante des médecins (maternité, accidents du travail…).
·
La nécessaire diversification des modes de
rémunération.
Si nous ne rejetons pas forcément le principe du
paiement à l’acte – qui a ses propres avantages –, il ne nous semble plus
pouvoir constituer le seul socle de notre rémunération. Il
s’agit donc de :
—
Augmenter la part de revenus forfaitaires, actuellement marginale.
—
Ouvrir la possibilité de systèmes de rémunération mixtes associant capitation
et paiement à l’acte ou salariat et paiement à l’acte.
—
Surtout, inventer un cadre flexible, car nous pensons qu’il devrait être
possible d’exercer la « médecine de famille » ambulatoire en
choisissant son mode de rémunération.
·
La fin de la logique mortifère de la
rémunération à la performance fondée sur d’hypothétiques critères
« objectifs », constat déjà fait par d’autres pays qui ont tenté ces
expériences. En revanche, il est possible d’inventer une évaluation
qualitative intelligente à condition de faire preuve de courage et
d’imagination.
·
La nécessité de viser globalement une revalorisation
des revenus des généralistes français qui sont aujourd’hui au bas de
l’échelle des revenus parmi les médecins français, mais aussi en comparaison
des autres médecins généralistes européens.
D’autres pays l’ont compris : lorsque les
généralistes sont mieux rémunérés et ont les moyens de travailler
convenablement, les dépenses globales de santé baissent !
Riche de notre
diversité d’âges, d’origines géographiques ou de mode d’exercice, et partageant
pourtant la même vision des fondamentaux de notre métier, notre communauté
informelle est prête à prendre part aux débats à venir.
Dotés de nos propres outils de communication
(blogs, forums, listes de diffusion et d’échanges, réseaux sociaux), nous
ambitionnons de contribuer à la fondation d’une médecine générale 2.0.
AliceRedSparrow – Borée – Bruit des sabots – Christian Lehmann – Doc Maman – Doc Souristine – Doc Bulle – Docteur Milie – Docteur V – Dominique Dupagne – Dr Couine – Dr Foulard – Dr Sachs Jr – Dr Stéphane – Dzb17 – Euphraise – Farfadoc – Fluorette – Gélule – Genou des Alpages – Granadille – Jaddo – Matthieu Calafiore – Yem
[1] À titre d’exemple, pour 100 patients enregistrés, la
caisse abonderait l'équivalent de 2 ou 2,5 heures d'emploi hebdomadaires et le
médecin aurait la possibilité de prendre ces "tickets" en payant une
somme équivalente (pour arriver à un temps plein sur une patientèle type de 800
patients).
Texte complet des propositions, en format PDF :
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