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vendredi 22 novembre 2013

Moi, Schtroumpf grognon...

Quand j'ai découvert le cabinet de PetitBourg et la façon de travailler du Dr VieilAssocié, je m'étais dit que, certes, le bureau était vieillot et mal organisé, mais qu'au moins il était informatisé ; et que les ordonnances de ses patients âgés ne semblaient pas surchargées de médicaments inutiles voire nocifs, contrairement à ce que j'avais pu voir dans certains cabinets où j'avais remplacé. 

Mais petit à petit je cerne mieux sa façon de travailler, et les petites choses qui me gênent/me choquent/m'énervent s'accumulent. Et me font râler façon Schtroumpf grognon...

Par exemple, les ordonnances pour les rhinopharyngites, toujours  EXACTEMENT identiques, avec un AINS, un corticoïde nasal et un "fluidifiant” (toujours les mêmes molécules, et jamais de paracétamol, ou presque) ; le corollaire étant que les patients d'automédiquent à tort et à travers avec les restes de cet AINS.

La prise de tension, qui se fait systématiquement debout - les patients sont très surpris que je leur demande de s'allonger.

Les carnets de santé des enfants, jamais demandés, jamais remplis. Et du coup, presque toujours oubliés par les parents.

Le dossier informatique qui contient, certes, les ordonnances, les résultats de biologie et les courriers des spécialistes, mais aucune donnée d'interrogatoire, ni d'examen clinique : le compte-rendu de consult se résume à son motif. 

Et puis, moins fréquent mais plus grave, les ordonnances WTF : les doublons (deux somnifères chez une dame de 90 ans, deux IEC chez une autre du même âge, deux sulfamides hypoglycémiants chez une troisième - oui, on vit longtemps à PetitBourg - , deux anti émétiques apparentés aux neuroleptiques...)
Le traitement pour les condylomes réservé à l'adulte et prescrit à un ado pour des molluscums. Un traitement amœbicide prescrit à l'occasion d'une "gastro entérite aiguë".

Je ne dis pas qu'il est mauvais, je ne dis pas non plus que je ne me plante jamais. Simplement certaines choses me sautent aux yeux et me pèsent au quotidien.
Et je ne sais pas comment réagir : serrer les dents et attendre qu'il prenne vraiment sa retraite? Essayer de lui en parler? Mais je ne suis pas très forte en diplomatie, et crains un peu le sempiternel "ça fait 35 ans que je fais comme ça".

Et puis ça me fait peur pour l'avenir. Saurais-je continuer à me former, adapter ma pratique, ne pas camper sur mes certitudes ?  Mes remplaçants, dans 20 ou 30 ans, me trouveront-ils obsolète ?

Bref, j'aime pas cette situation.

jeudi 21 novembre 2013

Presque une brève de consult'

19h20, le téléphone sonne.

"Allô, est-ce que vous pouvez voir en urgence mon copain? Il a de la fièvre et des courbatures depuis cet après-midi, il est dans un état lamentable.
- Boah, ça ressemble à une grippe d'homme un virus grippal, vous savez, à part prescrire du paracétamol ou de l'ibuprofene, je ne vais pas faire grand chose ce soir...
- Oui mais il est allergique !
- À quoi ?
- Ben à tout."

Petite vérification dans le dossier, effectivement suspicion d'allergie au paracétamol, choc anaphylactique avec un salicylé... Le coup de "faut me voir ce soir mais t'façon vous pouvez rien me donner" c'est bien la première fois qu'on me le fait.

J'ai donc prescrit, par téléphone, une bouillotte, un grog et une nuit de repos, et proposé de le voir demain si ça ne va pas mieux. De la grande médecine !

mardi 20 mars 2012

Mauvaise foi officinale

Visite à domicile, chez une charmante dame de 94 ans, à peu près bon pied bon oeil, nonobstant un "petit" infarctus du myocarde récent, suivi d'un épisode d'arythmie et d'insuffisance cardiaque congestive, qui lui a valu un séjour à l'hôpital ; le cerveau, en revanche, n'a rien perdu de sa vivacité voire de son espièglerie.

Lorsque j'ai fait sa connaissance il y a quelques mois, elle n'avait sur son ordonnance qu'un seul médicament, un antihypertenseur qu'elle ne prenait pas tous les jours "parce qu'elle avait lu la notice et qu'elle se méfiait des effets secondaires". Depuis ses mésaventures cardiologiques, trois nouveaux médicaments ont fleuri sur son ordonnance.
Bien qu'elle n'aime toujours pas les médicaments, elle semble décidée à suivre son traitement, parce qu'elle n'a pas très envie de retourner à l'hôpital, "au milieu de tous ces vieux grabataires".

J'y allais pour la première fois depuis sa sortie de moyen séjour, pour renouveler l'ordonnance. Trandolapril, warfarine, bisoprolol, furosémide. Logique et sans fioritures.
Et là, que vois-je? Un ajout manuscrit lors du passage à la pharmacie, à côté de la ligne "warfarine", comme lors des substitutions par un générique. Sauf que l'amiodarone (anti arythmique) est tout sauf le générique de la warfarine (anticoagulant)... Un peu scotchée, je retourne l'ordonnance, et la liste imprimée me confirme que l'amiodarone remplace la warfarine de ce côté-là aussi. Gloups.
Par un miracle inexpliqué, c'est pourtant le bon médicament qui a été délivré à la patiente. Tout est bien qui finit bien ; fin des sueurs froides.

Je décide quand même d'appeler la pharmacie, histoire de signaler la boulette.  On me passe la pharmacienne, j'explique le problème :
"Ah mais c'est pas chez nous!
- Vous n'êtes pas la pharmacie Untel?
- Si-si, mais... C'est quoi le nom de la patiente déjà?
- Mme VieilleDame, Colette.
- Ah oui, mais on lui a délivré de la warfarine.
- Oui, et heureusement, mais vous comprenez qu'en voyant l'ordonnance je me suis inquiétée, donc je voulais vous le signaler.
- ... Mais j'étais absente ce jour-là, c'était mon assistante. Peut-être qu'elle a confondu Coumadine* et Cordarone* ? [noms commerciaux des médicaments concernés]
- Ce serait étonnant, ce n'est pas une ordonnance manuscrite.
- Ah... (gros blanc) Bon ben je lui dirai, hein."

Donc, chère madame Pharmacienne, l'excuse "c'est pas moi c'est la stagiaire/l'assistante", on me l'a déjà faite. Le jour où un patient s'est endormi au volant après avoir pris 6 comprimés de tétrazépam par jour, parce que "la stagiaire" avait confondu Miorel* et Myolastan*. Heureusement les dégâts se sont limités à de la tôle froissée.
Mais je trouve ça un peu léger, de se défausser sur les autres.



PS : juste pour que ce soit clair ;) je ne cherche pas à déclencher une bataille rangée médecins/pharmaciens. Je côtoie sur Twitter des pharmaciens dont je ne mets pas en doute la compétence, et je connais des médecins à fuir. 
Il m'arrive certainement aussi de faire des erreurs, et je ne demande pas mieux que d'avoir des retours sur mes "boulettes". Pour pouvoir progresser.